• Mini débat autour du verbe "aimer"...

     
     
     
     
     

    Françoise Dolto dont je viens de relire le livre « L'évangile au risque de la psychanalyse » écrivait:


    Quand on n’a plus de besoins, on peut authentiquement aimer. La formule “ ne plus avoir besoin de l’autre pour vivre ”, par exemple de mon mari ou de mon enfant peut apparaître choquante et pourtant elle est juste. Quand on dépasse le besoin d’avaler l’autre, de le consommer, de le voir, de le toucher, on accède alors davantage au désir et ainsi, à l’amour.

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    J.M. - Je connais les travaux de Dolto qui sont de nature très controversée par d'éminents psy mais je n'entrerais pas sur ce terrain miné pour m'arrêter juste sur la pensée que tu nous proposes qui comporte comme à l'accoutumé chez cette grande dame son lot de provocations et de radicalité. Sa "réponse" à mes yeux compte moins que la question qu'il parait juste de se poser tout au long de nos vies. Cependant il me semble que l'absolu de l'Amour supra-désirant n'est pas de dimension humaine mais s'applique mieux au questionnement mystique qu'à l'émotion intrinsèque. Personne me semble t-il n'est objet de désir mais tout un chacun est le sujet de son émotion. Personnellement et de façon presque triviale je ne conçois pas d'amour sans manifestation de son empire et non de son emprise. Aimer à coeur perdu est-il intellectualisable ? Sommes-nous bouddhistes affranchis de nos contingences ?  Amitié JM


    J.D. - Merci de ta réponse, -Jean Marc, mais...je n'ai rien compris !! Excuse ma franchise, mais comme je connais ton sérieux et ta compétence et qu'en outre ton opinion m'intéresse, tu serais gentil d'essayer d'être plus clair... Tu sais, je ne suis pas un spécialiste, contrairement à ce que certains pourraient penser....Merci à toi. Julien


    J.M. - A mes yeux, aimer vraiment, c'est s'impliquer quel qu'en soit le prix. C'est même d'ailleurs là que se mesure la qualité dudit sentiment. L'abnégation pure censée sublimer le sentiment constitue de mon point de vue un leurre, pire encore, les "autres" ne le comprennent pas. Tout ça pour dire que le propos de Mme Dolto vise plus le questionnement que la réponse proposée. Amitié JM


    J.D. -  Si j'ai bien compris cet extrait de Dolto, le besoin de l'autre est une entrave à l'amour. C'est la différence que je fais, personnellement, entre aimer et être amoureux. Pour moi, être amoureux c'est être encombré (on a besoin de l'autre, de sa présence, de son contact) et donc on est aussi, quelque part, encombrant. Aimer, par contre, c'est laisser libre... et en souffrir par la même occasion, sans aucun doute... Je crois possible par exemple, l'amour fou de Don José pour Carmen, mais ce qu’éprouve Don José pour Carmen, n'est pas, à mon sens de l'amour. « Il l’a dans la peau » comme on dit c'est-à-dire qu’il rejoint ce que nous dit Dolto. Il a besoin « d’avaler l’autre, de le consommer, de le voir, de le toucher ». Il est « amoureux » de Carmen, encombré de Carmen et donc, il n'est pas libre, contrairement à Carmen. C’est bien ce que nous dit Dolto... Non ? …A suivre... très certainement lol...


    J.M. - Oui c'est bien ce qu'elle veut dire mais c'est de l'ordre du supra-humain de l'intemporalité pour ne pas dire du conceptuel...Pour jouer avec les mots : l'amour c'est la faim de l'autre. JM


    J.D - Et donc, quand on a faim, on cherche à manger, et on ne pense plus qu'à ça ?... lol... Est ce bien ce que tu veux dire ? Si c'est le cas, je pense que si c'est exact en ce qui concerne la nourriture, qui elle est  indispensable à la survie, en ce qui concerne l'amour, peut être faut il prendre l'autre en considération. Est il en effet, aussi affamé que nous ? Et de la même chose ?... En amour, nous ne sommes pas seul en cause et on ne meurt pas nécessairement d'une faim d'amour... Certes cela peut arriver, mais ce n'est pas, comme pour la faim stricto-sensu, inévitable.
    On peut par exemple se demander si l'on mérite bien cet amour qui nous ronge ? Je n'ai aucune admiration (même si je le comprends) pour Don José qui tue ce qu'il ne peut posséder. Se poser la question du "Pourquoi ne m’aime t-il (ou elle) pas ?" et d'en trouver la réponse, n’est pas inconcevable. Au lieu de tuer Carmen et de se tuer ensuite, Don José aurait pu tout bonnement réfléchir et prendre conscience de ce qui empêchait Carmen de l'aimer en retour. Et, ensuite, après avoir compris, renoncer. Ce qui ne veut pas dire que sa souffrance aurait disparue mais il aurait compris ce que "aimer" veut dire à savoir simplement penser à l'autre avant de penser à soi. A mon sens, par sa dépendance, Don José ne méritait pas l’amour de Carmen. N'es tu pas d'accord, Jean Marc ? Je ne cherche pas à particulièrement à polémiquer, bien entendu. Nous échangeons des points de vue, c'est tout.


    J.M - Le problème c'est qu'il s'agit du plus puissant sentiment humain d'où la dramaturgie universelle de la souffrance qui s'y rapporte. À notre échelle nous brûlons du feu de nos passions. L'aimer-mieux de F. Dolto nous est-il accessible ? Et peut-être pire encore, s’il l'était, pourrait-il être compris par quelqu'un ? Je vais approfondir de mon côté avec un peu plus de recul...



    J.D - J'évoquais une expérience personnelle qui vit toujours en moi. Je l'ai à peine effleurée dans mon article "Et si l'imaginaire c'était le paradis", mais je savais en l'écrivant que personne ne pourrait en saisir l'occurrence, et même maintenant, en faisant référence à ce texte, personne ne comprendra davantage. C'est normal. Ce sont des choses à vivre. Aimer est difficile et je comprends tout à fait Jean Marc ce que tu as voulu me dire. J'ai joué un peu à la fin avec toi, mais c'était vraiment de façon amicale et, comme j'apprécie ta sincérité, je t'ai un peu poussé à livrer le fond de ta pensée. Je m'en excuse et je te remercie d'avoir bien voulu me suivre...Julien


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