• CHIKOU - Chapitre IV

     

     

    4 - MELIKA<o:p></o:p>

     Melika !... Superbe chatte balinaise, bibelot de luxe, avec des yeux d’un bleu profond, des poils brillants dont la couleur oscille entre le blanc et le marron clair, une superbe collerette blanche, de longues et fines moustaches, fit à Chikou l’effet d'une apparition divine, tombée du ciel ou d’une étoile. Il la regardait s'approcher, ouvrant  de grands yeux ahuris. On aurait dit une princesse, perdue, comme Blanche Neige, dans un décor hostile.<o:p></o:p>

    Manouche ressemblait à sa mère par les yeux et la couleur du poil  mais elle n’avait pas encore atteint ce degré d’épanouissement  que donne la maturité, si tant est qu’elle devienne aussi resplendissante qu’elle, un jour.<o:p></o:p>

    Mélika se déplaçait lentement, un peu à la manière d’un mannequin sur un podium de présentation de mode. Cela lui donnait un air précieux, mais tellement agréable à contempler…<o:p></o:p>

    - Qui est ton compagnon Manouche ?<o:p></o:p>

    - C’est Chikou. Je l’ai rencontré après l’alerte.<o:p></o:p>

    - Tu es nouveau ici, n’est ce pas Chikou ?<o:p></o:p>

    - Oui. Je suis arrivé il y a peu de temps.<o:p></o:p>

    - Et tu connais quelqu’un ici ? À part ma fille je veux dire ?<o:p></o:p>

    - Oui. Joss, Sam et Thoustra…et puis quelques autres que j’ai rencontrés brièvement derrière le restaurant.<o:p></o:p>

    -  Hé bien, tu n’as pas perdu ton temps, je vois. Tu vas rester avec nous ?<o:p></o:p>

    - Je ne sais pas. Joss, quand on est arrivés, m’a emmené tout de suite voir Thoustra…qui m’a parlé de mon livre…<o:p></o:p>

    - Ah, oui, le livre de la vie…<o:p></o:p>

    -  Ah bon ? Il s’appelle comme ça ?<o:p></o:p>

    - Je ne sais pas. Moi, en tout cas,  je l’appelle comme ça. Il n’a pas de nom en fait. C’est LE livre. Et il t’a dit quoi sur ton livre ?<o:p></o:p>

    - Il a tout de suite vu que j’avais perdu ma mère et mes deux sœurs…<o:p></o:p>

    - Ah ! Tu n’a pas de famille ?<o:p></o:p>

    - Non.<o:p></o:p>

    - Pauvre chéri…C’est tout ce qu’il t’a dit ?<o:p></o:p>

    - Il m’a dit aussi que le reste des pages du livre étaient blanches<o:p></o:p>

    - Oui, évidemment. Et Sam, il a dit quoi ?<o:p></o:p>

    - Que je devais passer une épreuve. Plus tard... Il pense que je suis encore trop jeune.<o:p></o:p>

    - Ah, oui, l’épreuve… Moi, j’en ai été dispensée.<o:p></o:p>

    - Pourquoi ?<o:p></o:p>

    - Parce que je venais de chez les humains. Sam m’a dit que j’avais compris. Que je pouvais maintenant vivre avec eux et comprendre ce qui se passe ici.<o:p></o:p>

    - Compris quoi ?<o:p></o:p>

    - Le monde des humains, je pense. Il existe de nombreux mondes à connaître. Le monde des humains, mais aussi le monde des chiens, le monde des souris, celui des rats, etc.…Ces mondes sont tous différents. Thoustra et Sam aiment bien en parler. Pour eux, il est indispensable de connaître le plus des mondes possibles, de cerner au mieux les frontières qui les séparent…<o:p></o:p>

    - Les frontières ?<o:p></o:p>

    - Oui. D’après eux, les différents mondes se touchent, se chevauchent parfois mais ils sont pourtant bien séparés, bien distincts. Chacun de ces mondes est particulier, unique. Chaque monde a ses règles, son mode de vie, son ambiance…Et chaque habitant d’un monde adopte un comportement particulier, caractéristique du monde ou il vit. Par exemple, on ne vit pas chez les humains de la même façon que l’on vit dans la zone. De même on ne vit pas pareil si l’on est seul ou entouré, enfin, je sais que c’est compliqué pour toi. Mais Sam et Thoustra, ils font tout un fromage de ces distinctions. Ils disent que plus on en apprend sur les autres et plus on s’enrichit.

    - S’enrichir ? <o:p></o:p>

    - Oui, c’est ce qu’ils disent. Connaître différents mondes, selon eux, s’en imprégner,  c’est s’ouvrir à la connaissance, c’est comprendre et donc, grandir. Et quand on comprend, on s’enrichit. Sam m’a longuement parlé de tout cela quand nous étions ensemble. Mais ce n’est pas évident de le comprendre. Pour l’instant, il te suffit de savoir qu’ici, dans la zone, c’est un monde. Chez les humains c’est un autre monde. Il y a aussi le monde des chiens, celui de la campagne, le monde des solitaires, le monde de ceux qui vivent en couple, enfin, des tas de mondes, difficiles à appréhender pour ceux qui ne connaissent que leur monde à eux…tu comprends ?<o:p></o:p>

    - Un peu,…Mais pas tout…Alors vous, vous avez habité chez les humains. Comment c’était ?<o:p></o:p>

    - Aie, aie, aie, fit Manouche. Pas ça ! Ne demande pas ça à maman….<o:p></o:p>

    Melika éclata de rire, ce qui se traduisit chez elle par un étirement de tout son corps en appui sur ses pattes de devant.<o:p></o:p>

    - Ma fille a déjà entendu plusieurs fois mon histoire… dit elle en se redressant…<o:p></o:p>

    - Oui, oui,  ajouta Manouche. Je la connais trop par cœur… Maman adore raconter sa vie d’avant. Bon, si c’est comme ça, je vais vous laisser. Je peux maman ?<o:p></o:p>

    - Bien sûr ma chérie, va.<o:p></o:p>

    - A plus tard Chikou…<o:p></o:p>

    Et Manouche partit en courant.<o:p></o:p>

    Restés seuls, Melika s’adressa à Chikou :<o:p></o:p>

    - Alors tu veux connaître un peu le monde des humains ?<o:p></o:p>

    - Oui, madame. S’il vous plaît…<o:p></o:p>

    - Appelle moi Mélika.<o:p></o:p>

    - Oui, heu,… Mélika<o:p></o:p>

    - Alors viens ! On va s’asseoir là bas…<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    -------------------

    - Je ne me souviens de rien avant cette maison ou je me suis retrouvée un jour, je ne sais plus quand, ni comment… Pourtant, le premier soir, je me rappelle m’être cachée derrière un meuble, un peu effrayée par ces lieux qui m’étaient inconnus. Le matin, j’ai entendu appeler doucement…J’ai risqué un oeil et une dame m’a prise dans ses bras. Elle m’a gentiment  bercée… J’ai commencé à ronronner et je me suis endormie, rassurée par la douceur de ses caresses. Quand je me suis réveillée, une main me caressait toujours le ventre, et j’ai mordillé cette main pour jouer. La dame a ri et elle m’a gratté le ventre, faisant danser devant mon petit museau, une peluche que je m’amusais à attraper avec mes griffes… <o:p></o:p>

    Ça n’a pas duré très longtemps car, vite fatiguée, je me suis de nouveau endormie sur ses genoux…<o:p></o:p>

    Ensuite, au fil des jours,  je me suis rendu compte  que je pouvais faire tout ce qui m’amusait sans me faire gronder et je m’en suis donné à cœur joie… J’ai déchiré des coussins, mis en pièces des chaussons, je me suis fait les griffes sur les montants des portes, je montais sur les tables, je buvais dans les verres,…J’étais insupportable, en fait, mais jamais, ni ma maîtresse, ni son compagnon ne m’ont réprimandée, ni tapée….Lui, quand il me prenait dans ses bras, il me soufflait sur le ventre et ça me faisait chaud partout. Il ne passait jamais devant moi, sans me prodiguer une caresse ou me donner un bisou.<o:p></o:p>

    Un jour, j’ai entendu ma maîtresse répondre à une de ses amies, qui déplorait les dégâts que je causais partout dans la maison, que si l’on préférait avoir une maison impeccable, il ne fallait pas adopter de chat. Que, si on prenait un chat chez soi, il fallait en supporter les conséquences. Son amie lui a alors demandé pourquoi elle n’avait pas fait enlever les griffes. Alors, j’ai vu ma maîtresse s’énerver brusquement. Elle a répondu vivement que c’était abominable et elle a ajouté : « Continue donc d’acheter des bibelots et ne pense surtout pas à prendre un animal chez toi. Cela vaut mieux. » J’ai vu, à son air fâché  que ma maîtresse était très en colère…mais je ne savais pas trop pourquoi.<o:p></o:p>

    Donc, je ne manquais de rien. Je mangeais de tout ce que j’aimais. Du poisson, du thon, et même, ma maman – car elle était vraiment une maman pour moi – m’achetait souvent du jambon bio…tu te rends compte ? <o:p></o:p>

    - Heu, pas trop non, mais si tu dis que c’était bien…. Mais c’est quoi, enlever les griffes ?<o:p></o:p>

    - Attends, tu vas comprendre…Laisse moi continuer.<o:p></o:p>

    - Un jour, j’ai vu mon papa, le monsieur qui vivait avec ma maman, celui qui me faisait des bisous sur le ventre, sortir, le matin et le soir de la maison avec des assiettes, qui normalement, m’étaient réservées. Cela m’intriguait beaucoup. J’étais curieuse de tout, tu t’en doutes bien. Je me suis posté derrière la fenêtre du séjour et j’ai vu mon papa poser par terre, dehors, sur la terrasse, une assiette pleine de poisson devant deux chats,… un noir et blanc et un blanc et noir. Qui étaient ils ? Mystère…<o:p></o:p>

    Alors, un jour, profitant de ce que mon papa avait mal fermée la porte d’entrée, je suis sortie, sans me faire voir. Personne en vue ! Je me suis dirigé, me fiant à mon odorat, vers l’abri de jardin derrière la maison. Sur la porte, en bas, je vis sortir par une petite lucarne, devant mon nez, un des deux chats que j’avais aperçu. C’était le chat blanc et noir… Aussitôt, nos deux pelages se hérissèrent. Le chat retroussa ses babines, prêt à me griffer méchamment. Je fis un bond en arrière et lui criais : « Attends ! Je veux juste parler ! Je ne veux pas me battre avec toi.» Toujours sur ses gardes, le chat blanc et noir ne me quittait pas des yeux, prêt à bondir.<o:p></o:p>

    - Qui est tu ? Que veux tu ? Me lança-t-il…<o:p></o:p>

    - Ce serait plutôt à moi de te demander qui tu es, puisque tu es chez moi…<o:p></o:p>

    - Chez toi ? Je n’ai pas senti pas ton odeur ici. Donc tu n’y es jamais venue. Donc ce n’est pas chez toi.<o:p></o:p>

    Ses poils étaient toujours hérissés mais  ses babines n’étaient plus retroussées.  Je sentais qu’il n’était toujours pas rassuré.<o:p></o:p>

    - Ici, non, c’est vrai, je n’y suis jamais venue. Mais j’habite dans la grande maison, là bas et j’ai vu mon papa te donner à manger. A toi, et a une autre chatte, noire et blanche. Alors je suis venu voir.<o:p></o:p>

    - Celui que tu appelles ton « papa » nous donne à manger à ma mère et à moi, c’est vrai. Mais qu’est ce que ça peut te faire ?<o:p></o:p>

    - Mais rien du tout ! Je ne suis pas jalouse ! Je mange à ma faim. J’étais curieuse de savoir, c’est tout.<o:p></o:p>

    Je vis alors la chatte noire et blanche, qui pointait le museau par la lucarne, vers l’extérieur de l’abri de jardin.<o:p></o:p>

    - Calme toi ! Marx, dit-elle. Cette poupée n’est pas méchante, ça se voit.<o:p></o:p>

    Le dénommé Marx consentit alors à s’asseoir mais il continuait à me fixer de ses grands yeux vifs et méfiants.<o:p></o:p>

    La noire et blanche sortit péniblement par le trou. Elle était âgée et semblait très fatiguée.<o:p></o:p>

    - Marx est mon petit. Il  n’est pas méchant, mais il est prudent. Il prend soin de nous deux maintenant. Il se méfie car la vie, pour nous, n’a pas été facile. C’est la première fois qu’un humain est gentil avec nous. Ton…papa, non seulement il nous donne à manger mais il nous a permis de rester à l’abri, ici, dans cette petite maison. Il a même mis des couvertures sur un fauteuil et des corbeilles pour qu’on soit bien au chaud. C’est un brave homme, ton papa…<o:p></o:p>

    - Oui, mon papa et ma maman sont très gentils.<o:p></o:p>

    - Je suis vieille vois tu, et je ne peux plus me défendre. Heureusement que Marx est là…<o:p></o:p>

    - Ces salauds lui ont enlevé les griffes, dit Marx…<o:p></o:p>

    - Quoi ?... À qui ?...<o:p></o:p>

    - Je n’ai plus de griffes, fillette. Je ne peux plus m’accrocher à rien pour me mettre à l’abri, je ne peux plus me défendre dans la rue, juste courir pour m’échapper et encore, pas assez vite…<o:p></o:p>

    - Mais pourquoi on vous a fait ça ? demandais je, me souvenant de la discussion de ma maman avec son amie et me doutant dés lors de la réponse qui allait suivre…<o:p></o:p>

    - Parce que la personne chez qui nous vivions, ne voulait pas que je fasse mes griffes sur ses meubles…<o:p></o:p>

    Donc, c’était bien ça. C’est abominable de priver un chat de ses moyens de défense. Je compris pourquoi ma maman qui aimait les chats, s’était mise en colère contre son amie. Je compris aussi, à ce moment là combien j’avais eu de la chance et combien tout dépendait des humains. Ils pouvaient tout se permettre à notre égard. S’ils ne nous aimaient pas, ils pouvaient se révéler dangereux pour nous et même terriblement  injustes…<o:p></o:p>

    J’éprouvais un profond sentiment de malaise devant cette pauvre petite chatte noire et blanche, toute ratatinée, dont les yeux reflétaient une profonde tristesse. Je comprenais en même temps la rancoeur de Marx, sa méfiance, sa haine…<o:p></o:p>

    - Vous pourrez rester ici tant qu’il vous plaira. Mon papa est le meilleur des hommes et il nous aime dis-je. Il prendra soin de vous aussi bien qu’il prend soin de moi.<o:p></o:p>

    - Je pense que tu dis vrai, petite ajouta la vielle chatte. Mais Marx se méfiera toujours maintenant. Quand il a été assez grand, nous sommes partis de cette maison. D’ailleurs, la dame nous avait déjà mis dehors et nous n’avons eu aucun mal à la quitter, définitivement. <o:p></o:p>

    - Mais pourtant, vous habitiez bien dans la maison ? Pourquoi vous a-t-on mis dehors, brusquement ?<o:p></o:p>

    - Parce que c’était le monsieur, le mari de la dame qui nous avait recueilli. Lui, il aimait les chats. Il n’aurait jamais permis qu’on m’enlève les griffes. Mais il est mort et sa femme, qui ne s’occupait jamais de nous, qui nous supportait sûrement à cause de son mari, est restée seule. Dés lors nous représentions une charge dont elle ne voulait pas. Alors, elle a fait arracher mes griffes et devant la fureur de Marx qui la regardait méchamment, elle a fini par se débarrasser de nous en nous mettant à la rue. Elle a continué à nous nourrir, pendant un moment car au début nous sommes restés à proximité de la maison, mais elle se moquait pas mal de ce qui pourrait nous arriver. Elle disait que Marx était une sale bête, parce qu’il ne se laissait pas approcher et qu’il la regardait avec des yeux noirs…<o:p></o:p>

    Alors on est partis. Grâce aux griffes et à la puissance de Marx, nous avons pu survivre car il sait se battre et dissuader les chiens de nous approcher. Mais la plupart du temps nous avions faim et nous nous abritions là ou nous pouvions. Jusqu’à ce que nous parvenions ici, où ton père nous a nourri et hébergé. Voila….<o:p></o:p>

    Marx ne disait rien. Il ne semblait même pas écouter sa mère. Il regardait à droite, à gauche, se retournant souvent pour surveiller ses arrières dans une attitude de suspicion permanente, totalement nouvelle pour moi, mais que, maintenant, je comprenais.<o:p></o:p>

    - Il faut que je rentre dis-je. S’ils ne me voient pas, je sais que papa et maman vont être très inquiets<o:p></o:p>

    La porte d’entrée était fermée. Je miaulais doucement et, quand ma maman m’ouvrit enfin, les traits du visage tirés par l’inquiétude, elle me prit doucement dans ses bras me serrant contre elle en disant :<o:p></o:p>

    - Mais ou étais tu petite sotte ? Tu m’as fait peur. Mon dieu, ne recommence pas ! Et elle m’a embrassé dans le cou. En me posant par terre, elle m’a donné une petite tape sur les fesses pour m’inciter à rejoindre mon panier à fleurs. Je me suis roulée en boule dans la laine chaude et, très fatiguée par ma première aventure hors de ce nid douillet, je me suis endormie.<o:p></o:p>

    Oui, j’avais de la chance d’avoir des parents aussi gentils…Mais tu vois Chikou, en parlant avec Marx et sa mère, qui avaient eu une vie très différente de la mienne, j’ai appris des choses que j’ignorais. J’ai vu les humains sous un autre angle, j’ai compris que mes nouveaux compagnons avaient souffert de la vie alors que moi j’avais été gâtée…. Thoustra et Sam diraient… que je me suis « enrichi »…

    <o:p> </o:p>

    ----------------------------<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L’arrivée de Joss, tout excité, vint interrompre les souvenirs de Mélika.<o:p></o:p>

    - Mais qu’est ce que tu fous ? dit il à Chikou. Puis, apercevant Melika… Oh pardon, M’dam, je vous avais pas vue…<o:p></o:p>

    - Bonjour Joss répondit Melika. Ce n’est pas grave, nous avions terminé.<o:p></o:p>

    - Mais non ! dit Chikou. Vous ne m’avez pas raconté comment vous êtes arrivé ici ?<o:p></o:p>

    - Une autre fois, Chikou. Nous nous reverrons, sans aucun doute. Et puis il faut que je dorme un peu. Va jouer avec Joss…<o:p></o:p>

    Chikou ne se permit pas d’insister, mais c’est tout de même un peu à regret qu’il suivit son compagnon.<o:p></o:p>

    - Qu’est ce qui t’arrive ? demanda-t- il à Joss qui s’était mis à courir. Tu es tout excité !…<o:p></o:p>

    - Rien de spécial… J’ai rencontré Manouche. On a joué dans la cour, là bas. Je suis un peu essoufflé. Au fait, elle m’a dit qu’elle t’avait rencontré.<o:p></o:p>

    - Oui. Et sa mère est arrivée et Manouche est partie. Melika a commencé à me raconter sa vie, chez les humains. C’était intéressant. Tu savais qu’ils enlèvent les griffes des chats ?<o:p></o:p>

    - Les humains ? Non, mais ça ne m’étonne pas. Ils sont capables de tout. Moi, j’aime pas les humains.<o:p></o:p>

    - Melika, pourtant, a l’air de les apprécier.<o:p></o:p>

    - Oui, parce qu’elle est bien tombée m’a dit Manouche, mais c’est rare…Tu les a vus ces grands pressés. Ils se déplacent comme si le monde leur appartenait, indifférents à tout ce qui n’est pas leur petite personne. Pouah !<o:p></o:p>

    - Parce que toi, tu ne t’intéresse pas à ta petite personne peut être ?

    - Non ! Pas uniquement. J’aime bien mes copains…et toi aussi…

    - Comment peux tu savoir que les humains n’aiment pas aussi leurs copains ?

    - Je sais pas ! Tu m’embêtes ! Je me méfie d’eux ! C’est tout !

    Chikou n’insista pas. Il demanda :

    - Alors, on va où ?<o:p></o:p>

    - Je retournerai bien au garde manger…<o:p></o:p>

    - Ah, non ! fit Chikou. Pas maintenant, j’ai pas envie !<o:p></o:p>

    Il pensa à Zara et se promit d’aller la revoir, elle aussi. Mine de rien il avait rencontré du monde depuis son arrivée. Mais chacune de ces rencontres l’avait laissé sur sa faim. Il voulait en apprendre davantage sur Zara, Melika, Sam, et Thoustra. <o:p></o:p>

    - Si on allait plutôt voir Paulo ? Je commence à avoir un peu faim, moi...<o:p></o:p>

    - Mais ce n’est pas l’heure ! Et puis rien ne dit que nous verrons Paulo, ce soir. Il n’est pas toujours là. Quelquefois c’est le gros Monty qui vient nous donner à manger et lui, il est beaucoup moins généreux. Il n’y en a pas toujours pour tout le monde.<o:p></o:p>

    - Bon. Tant pis. On attendra. On rejoint Manouche àlors ?<o:p></o:p>

    - Tu es sur qu’une petite souris bien tendre…<o:p></o:p>

    - Non ! Je t’ai dit non ! Je n’ai pas envie de manger de souris !<o:p></o:p>

    - Bon, bon, ça va… Te fâche pas... Je disais ça comme ça… Va pour Manouche. Je lui ai dit en partant que j’allais te chercher, mais elle ne m’a pas entendu. Trop occupée à jouer avec sa pelote…<o:p></o:p>

    - Quelle pelote ?<o:p></o:p>

    - Une grosse pelote de laine qu’on a trouvée en se baladant. On s’est amusé avec comme des fous et elle doit continuer encore. Allez, viens on y va.<o:p></o:p>

    Ils se mirent à courir et rejoignirent Manouche qui jouait encore, effectivement,  avec sa pelote. Complètement emmêlée dans les fils de laine, elle se débattait frénétiquement, mordillant dans tous les sens, remuant fébrilement sa longue queue et se contorsionnant avec énergie pour se dégager.<o:p></o:p>

    - Hé ! dit Joss. Bientôt, on te verra plus du tout ! C’est toi qui vas finir en pelote….<o:p></o:p>

    Il se mit alors à tirer sur ensemble sur les fils mais leurs tentatives pour dégager Manouche ne faisaient qu’aggraver les choses. Ils sautaient les uns sur les autres, bondissant joyeusement dans les fils de laine déchirés en s’amusant comme des fous.<o:p></o:p>

    Après cinq minutes de ce manège, ils s’arrêtèrent épuisés, la langue pendante,  et ils se regardèrent en reprenant leur souffle.<o:p></o:p>

    - Chouette ? Non ? demanda Manouche...<o:p></o:p>

    - Oui. Super ! On a bien rigolé, répondit Chikou. Je suis crevé.<o:p></o:p>

    Quelques fils pendaient sur les oreilles de Joss et Manouche tentait d’en tirer un qui lui entravait les pattes.<o:p></o:p>

    - Dis, Manouche, tu sais toi, pourquoi ta mère a quitté son papa et sa maman humains, et comment elle a fait pour arriver ici ? demanda Chikou.<o:p></o:p>

    - Elle t’a pas raconté ?<o:p></o:p>

    - Non. Joss est arrivé à ce moment de l’histoire.<o:p></o:p>

    - De toute façon, ça m’étonnerait qu’elle te le raconte, parce qu’elle ne l’a raconté à personne, même pas à moi. A part Sam avec qui elle vivait  et, bien entendu, Thoustra. Mais lui, il devine tout, alors…<o:p></o:p>

    - Ah bon ? Même toi tu ne sais pas ?<o:p></o:p>

    - Non, elle n’aime pas en parler. Ça la rend trop triste dit elle. Et puis, elle a ajouté que ce n'était  pas une histoire pour les enfants. Valait mieux ne pas insister. Moi, en tout cas,  je ne lui en ai jamais reparlé.<o:p></o:p>

    - Tu dis qu’elle vivait avec Sam ?<o:p></o:p>

    - Oui. Ils ont vécu un moment ensemble quand elle est arrivée ici. D’ailleurs, je pense que Sam est mon papa…<o:p></o:p>

    - Ah bon ! Tu ne lui ressembles pas du tout….<o:p></o:p>

    - Je  ressemble à ma mère…C’est mieux non ?<o:p></o:p>

    - Ta mère est très belle. Mais Sam n’est pas mal non plus.<o:p></o:p>

    - Oui, bof ! Dans son genre… Moi, je le trouve trop sérieux. Il ne rigole jamais. Thoustra, lui, a plus d’humour…<o:p></o:p>

    - Oh, les amis, on se bouge ? Il est l’heure d’aller manger, dit Joss.<o:p></o:p>

    Ils se levèrent lourdement, s’ébrouèrent et s’en furent, d’un pas tranquille, vers le restaurant.<o:p></o:p>

    «  Décidément, pensait Chikou, songeur,  en suivant ses copains, c’est le pays des mystères ici… »<o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

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  • Commentaires

    1
    visiteur_louloute67
    Lundi 30 Juin 2008 à 22:29
    je viens en retard mais j ai eu un contre temps tres palpipante ton histoire je lis demain la suite gros bisous et super la photo
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