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    Déprime

    Déprime…<o:p></o:p>

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    Novembre.

    Fin d'après midi...

    Dans l'abri de jardin chauffé, assis sur le vieux canapé, je lis Buzzati. Je tiens compagnie à  ma chatte Noirette, roulée en boule sur mes genoux.

    En fond sonore, le concerto pour violon de Mendelssohn.

    Je pose le livre.

    Impossible de lire et d'écouter en même temps.

    « Typique des mecs, ça ! » m'a dit une amie... « Ah, bon ? Parce que vous, les filles..., pas de problème ! »  Elle a rigolé... « Evidemment ! T'as jamais remarqué le nombre de choses que les femmes peuvent faire en simultané ? »

    Bon !...

    Donc, écouter. Rien d'autre !

    Mais l'heure n'est pas à la concentration. En catimini, les pensées affluent par vagues... 

    Tout ce qui est important nous échappe... On ne comprend que des bribes, des morceaux épars... On ne saisit que des bouts de chair, dont nous ne savons la plupart du temps que faire...

    On croit comprendre, on ne fait que survoler...!

    Tristes tropiques !...

    Déprime....C'est à cause de l'hiver qui s'annonce, du ciel couvert, de la nuit qui commence à tomber sur un jour morne et gris...

    La petite chatte noire dort paisiblement sur mes genoux. Je la caresse, le regard perdu sur le mur d'en face. Elle ronronne doucement.

    Mouvement lent du concerto pour violon...

    Je pense aux drapeaux rouges interdisant la baignade sur les plages...

    Pourtant, à la voir comme ça la mer, elle parait calme, sans danger....

    Alors on avance doucement. Les vaguelettes paraissent inoffensives et on prend de l'assurance...Paf ! Soudain, on perd pied...!

    On ne pense pas assez à la partie immergée des icebergs.... Evidemment, comment pourrait-on en prendre la mesure ? Alors on fait comme si... car l'impuissance, c'est insupportable, non ?

    Et pouis, qui dispose en permanence, prés de lui, d'une combinaison de plongée et des bouteilles d'oxygène en quantité suffisante  ?

    Et même ! Qui sait encore à quelle profondeur il convient de descendre pour avoir, ne serait ce qu'une vague idée de l'énorme bloc enfoui dans les profondeurs ?... En surface, ils ne sont pas si impressionnants, mais dessous ?... Bah....

    Noirette, lorsqu'elle me regarde, n'a pas besoin de parler. Ses yeux parlent pour elle.

    Elle a besoin d'amour, comme nous tous... L'amour...Qui sait donner de l'amour, alors qu'il en a tant besoin lui même ?

    Et à quoi sert la parole, s'il suffit d'aimer ?

    A quoi servent ces mots, qui jaillissent trop souvent trop vite, et dont on ignore la portée, les piéges qu'ils renferment ? Et quand on les découvre, ces piéges, il est trop tard. Ils se sont déclenchés et ils ont fait du mal !

    Noirette tourne la tête vers moi et me fixe, interrogative...

    Tout va bien Titine ! Rendors toi !...

    Fin du concerto pour violon et orchestre... Faudra le réécouter...J'étais ailleurs...

     

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