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    Les trois métamorphoses de l'esprit

    .. dont il faudrait faire une exégèse, phrase après phrase, mot après mot, tant cette parabole est riche de sens et de contradictions apparentes.

    Je suis bien conscient que ce que je vais dire peut paraître prétentieux mais qu’importe :

    Nietzsche est pour moi, évident.

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    Je l'ai déjà dit et répété: En ce qui me concerne, une seule chose mérite que l’on s’y attache, toute sa vie.

    Travailler à devenir ce que l’on est,.et c'est bien de cela dont Nietzsche nous parle.

    En trois étapes, bien déterminées.
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    Le chameau, première des trois métamorphoses symbolise l’homme qui, pendant de nombreuses années, va devoir emmagasiner (se charger) le plus possible de connaissances, d’informations diverses, jusqu’à parfois s’y noyer, et ainsi, se mettre à douter de plus en plus, de tout...

    Le doute devenant la clé de mesure de la vraie connaissance.

    J’ai d’ailleurs envie de dire à ce propos:

    « Dis moi à quel point tu doutes et je te dirais à quel point tu (en) es. »

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    Sûr de ses doutes, le chameau pût devenir Lion.

    Cette affirmation peut sembler paradoxale. Pourtant, l’accumulation de connaissances contradictoires, la prise en compte d’infinies nuances dans ses jugements et ses appréciations, conduit l’homme - chameau à faire du doute, l’ossature de sa pensée, le fil conducteur de son raisonnement.

    Grâce à ses doutes, il va grandir en force et en sagesse. Sa pensée va s’éclaircir, sa parole devenir plus assurée, non parce qu’elle assénera de plus en plus de vérités majeures, mais parce qu’au contraire elle se fera plus légère, plus réfléchie, plus dubitative, plus doucement, plus gentiment persuasive.

    Le lion posera les vraies questions, à défaut de pouvoir donner les bonnes réponses.

    Le Lion, c’est la force tranquille de celui qui sait que rien n’est jamais définitif, que la vérité sera toujours relative et individuelle, qu’il sera toujours difficile par conséquent de chausser les souliers des autres, que « rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur... »

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    *Mais, ne s’agit-il que de cela ? Que de cultiver une certaine forme de sagesse ?

    Sans doute, mais pas seulement !

    Car si l’on en croit le grand philosophe dont nous tentons toujours d’interpréter la pensée, des trois métamorphoses de l’esprit, la dernière n’aurait rien à voir avec la méditation contemplative du sage.

    Car une fois devenu Lion, resterait à celui ci à (re) devenir, Enfant…

    « Mais, dites-moi, mes frères, que peut faire l’enfant que le lion ne pouvait faire ? Pourquoi faut-il que le lion devienne enfant ?

    L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation. »


    Qu’à donc à faire le Lion de la sagesse ? S’asseoir dessus et méditer ?

    On le représente souvent ainsi sur les statues, « le roi des animaux », assis sur son derrière, hautain et majestueux, fixant l’horizon lointain, attendant je ne sais quoi…

    Un « ENNEMI » digne de lui ? Peut être?

    Comme celui qu’attendait le Zangra de Jacques Brel ou le Giovanni Drogo du « Désert des tartares » de Dino Buzzati ?

    Nietzsche encore : « Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer. »

    … et qu’il doit donc redécouvrir, ajouterais je…

    Car c’est bien là, comme le pense Nietzsche, le but de la découverte de soi, qui ne sera totale qu‘une fois accomplie la dernière métamorphose de l’esprit.

    Que le Lion redevienne cet enfant que nous avons été, qui possédait en lui tout ce qu’il faut savoir et qui n’attendait de nous qu’une « reprise en main ».

    Mais ces retrouvailles avec l’enfance auront ceci de particulier que la mémoire du Lion ne sera pas perdue dans l’enfant, de même que la mémoire du chameau fut transmise au Lion, Que ce retour tiendra compte du chemin parcouru, des richesses accumulées, de l’apprentissage patient du « je » et du jeu, qu’il restituera l’envie du partage, du meilleur du partage, qui caractérise l’enfance, non ?

    L’enfant… Ce surhomme !

    Le rêve… devenu enfin réalité ?

    Nietzsche en devint fou de lucidité impuissante… terminant ainsi par une pirouette sa troisième métamorphose :

    « Ainsi parlait Zarathoustra. Et en ce temps-là il séjournait dans la ville qu’on appelle : la Vache multicolore. »

    Enfantin ?

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