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Les managers pervers
Les managers pervers
Les managers perversqui font du harcèlement moral ne s'attaquent pas à tous leurs collaborateurs, et ils ne choisissent pas leur victime au hasard.
— On ne va quand même pas dire que c'est la faute de la victime si elle est harcelée !
— Non, je ne dis pas ça.Je dis juste qu'elle a une façon de se comporter, une façon d'être qui rend possible ce harcèlement. Son bourreau sent que, s'il s'attaque à cette personne, il va réussir à avoir vraiment un impact négatif sur elle, alors que cela ne marcherait pas forcément sur d'autres.
— Et qu'est-ce qui fait qu'une personne se retrouve dans cette catégorie ?
— C'est compliqué, il peut y avoir plusieurs éléments, mais le plus déterminant est sans doute qu'elle a un déficit d'estime de soi. Si elle n'est pas suffisamment convaincue de sa valeur, au plus profond d'elle-même, elle présente une faille que certains pervers repèrent immédiatement. Il leur suffit d'appuyer là où ça fait mal.
— Je me demande si... je crois que... je manque peut-être un peu d'estime de soi... En fait, ce n'est pas que je ne m'aime pas, c'est pas ça, et d'ailleurs je me sens... normal, mais c'est vrai que je suis facilement déstabilisé quand on me fait des reproches, qu'on me critique...
— Je veux bien croire qu'on puisse obtenir un changement dans le regard et l'attitude de son manager en évoluant soi-même, mais ça ne va pas changer par ailleurs le cours des évènements dans l'entreprise...
— Disons que ça demande de savoir bien communiquer, mais je suis persuadé que tu pourrais convaincre tes managers, dont tu te plains tout le temps, de changer d'avis sur certains points. Tu devrais pouvoir les influencer pour obtenir un certain nombre d'avancées.
— C'est pas gagné d'avance...
— Tu dis ça parce que tu ne sais pas encore comment t'y prendre, mais ce n'est pas une fatalité ! Et puis, tu sais, quand une situation ne nous convient vraiment pas, on peut aussi tout simplement changer de boîte... Si tu savais le nombre de gens insatisfaits de leur situation professionnelle, qui s'en plaignent et restent en poste. L'être humain a peur du changement, de la nouveauté, et il préfère très souvent demeurer dans son contexte habituel, même s'il est très pénible, plutôt que de le quitter pour une situation nouvelle qu'il connaît mal.
« C'est la caverne de Platon ! Platon décrivait des gens nés dans une sorte de grotte très sombre dont ils n'étaient jamais sortis. Cette caverne était leur univers et, bien que glauque, elle leur était familière et donc rassurante. Ils refusaient obstinément de mettre le pied dehors car, ne connaissant pas l'extérieur, ils se l'imaginaient hostile, dangereux. Illeur était dès lors impossible de découvrir que cet espace inconnu était en fait empli de soleil, de beauté, de liberté... Beaucoup de gens vivent aujourd'hui dans la caverne de Platon sans s'en rendre compte. Ils ont une peur bleue de l'inconnu et refusent tout changement qui les touche personnellement. Ils ont des idées, des projets, des rêves, mais ne les accomplissent jamais, paralysés par mille peurs injustifiées, les pieds et les poings liés par des menottes dont ils sont pourtant les seuls à avoir la clé. Elle pend autour de leur cou, mais ils ne la saisiront jamais.Moi, je crois que la vie elle-même est faite de changement permanent, de mouvement. Cela n'aurait aucun sens de s'accrocher au statu quo. Seuls les morts sont immobiles... On a tout intérêt à non seulement accepter, mais initier le changement afin de pouvoir évoluer dans un sens qui nous convienne.
Gounelle Laurent - Les dieux voyagent toujours incognito
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