Voulez vous méditer ?<o:p></o:p>
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</o:p>Il y a beaucoup de personnes que Julien aimait bien, vivantes ou mortes, célèbres ou anonymes.
Certaines lui étaient même très proches, très aimées, mais de là à être ou devenir « fan » de quelquun ?
<o:p></o:p>Voir ses yeux s'arrondir en forme de soucoupes volantes, pousser des cris stridents au passage de lidole chérie, pleurer abondamment, et devant caméras, à lannonce de sa mort, laisser monter lhystérie pendant les concerts, attendre des heures devant lhôtel dun acteur célèbre, collectionner les bibelots en tout genre ayant appartenu à , il ne pouvait imaginer cela.
<o:p></o:p>Beaucoup de personnes ne saiment pas, nont pas une haute opinion delles mêmes.
<o:p></o:p>Elles se jugent insignifiantes ou banales, elles éprouvent le besoin de vivre par procuration, de vivre dans les fantasmes, dans les rêves, par le biais d'images idéalisées
<o:p></o:p>Soit !
Mais comment envisager sérieusement qu'un être humain, fait, comme nous, de chair et de sang, de muscles et de viscères, devienne objet de culte, à légal dune Divinité ?
Cela, Julien avait beaucoup de mal à ladmettre, même sil en comprenait les raisons.
A quoi sert donc la pensée ? La réflexion ? Lesprit ? La distance ? Le recul ? Bref, ce qui devrait faire de nous des êtres dits « supérieurs » ?
<o:p></o:p>Comment un voisin, un semblable, un frère, peut il atteindre dans notre échelle de valeurs une place si élevée quil devienne dun coup inaccessible, hors de portée, une abstraction, une étoile lointaine ?
« Lhomme est bien misérable ! » pensa t il. Parfois, il lui semblait totalement improbable que ce que nous étions devenus au fil des années et des siècles représente un progrès.
<o:p></o:p>Hier soir, à la télévision, il écoutait un moine bouddhiste vantant les vertus de la méditation. Il la définissait comme une gymnastique de lesprit à limage des exercices d'entretien du corps. Il sétonnait dailleurs que le développement de nos facultés mentales soit aussi négligé alors que lon vantait partout les vertus d'un corps sain et en bonne santé.
<o:p></o:p>Ceux qui lécoutaient, bien entendu, ne demandaient pas mieux que de sinstruire, mais ils attendaient que le moine leur donne quelques recettes simples.
Questions du genre : « Faut il, pour méditer, prendre la position du lotus ? Se vider lesprit ? Fermer les yeux ? »
Manque de chance, il ny avait pas de recette simple.
Sauf que la méditation est accessible à tous, que lon peut la pratiquer nimporte où et nimporte quand, quil suffit, comme pour le corps, de le vouloir et de sen tenir à une discipline etc .
« Oui », pensait Julien « Le vouloir sauf que lentretien de lesprit isole celui qui le pratique. A force de sentretenir lesprit, on risque de devenir moine ! »
<o:p></o:p>Car ce que Julien navait pas entendu dans les réponses du saint homme, cest quà force de cultiver son esprit avec constance et ténacité, beaucoup de fausses valeurs, essentiellement sociales, tombent et se volatilisent, comme des ballons dégonflés. Par exemple le culte de la réussite, le besoin de posséder, le désir éperdu de reconnaissance, la course à la richesse et surtout, le seul souci de paraître au bénéfice de celui de lêtre.
<o:p></o:p>Et que, parvenu à ce point, il ne restait donc plus quà revêtir la robe de bure
Julien se dit alors que si un jour, lentretien de lesprit par la méditation devenait à la mode, les fondations de notre société dite « évoluée » risquaient fort de sécrouler comme un château de cartes
Et cela, à la télévision, personne nen voulait.
On peut le comprendre .
Etait ce pour cette raison que le moine n'avait rien dit ?
Pourtant, sa condition et sa tenue vestimentaire paraissaient éloquentes...mais personne n'avait évoqué ce point...
Julien en repensant aux idoles se dit qu'elles avaient encore de beaux jours devant elles et que les "fans", toujours plus nombreux, n'avaient pas fini d'en fabriquer
<o:p></o:p>Le veau dor est toujours debout .
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