Claude Lévi Strauss
Il a eu 100 ans en 2009 il est mort le 30 Octobre de cette même année...
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J’ai envie aujourd’hui d’en rajouter une couche…
Mettre en exergue un homme digne de ce nom.
Par exemple, lui !
Ce centenaire pétillant, mort récemment trop jeune, encore tellement vert.
Encore bien planté sur des jambes solides de promeneur et de voyageur infatigable.
Éternellement moderne, un homme dont les oreilles et les yeux sont restés ouverts jusqu’au bout.
Un homme qui fût à l’écoute du monde et de son temps, comme le sont tous les grands hommes que je vénère et grâce à qui je ne désespérerai jamais de l’humain.
Ils sont si peu nombreux cependant qu’il faudrait chaque jour, chaque heure, chaque minute les citer en boucle, en chapelet, pour tenter d’occulter la médiocrité ambiante.
Placarder sur les murs de nos villes des pages entières de leurs œuvres, en lieu et place de ces visages hypocrites qui s’étalent sur les panneaux électoraux, ces visages souriants de faux culs qui nous mentent, nous dupent, nous trompent, qui ne sont que des aspirateurs à fric avalant doucement mais sûrement, la mince étincelle d’espoir qui nous reste.
La parole est à vous, Monsieur Claude Lévi Strauss
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Simone de Beauvoir, à propos de Lévi Strauss
“ Il m’intimidait par son flegme, mais il en jouait avec adresse et je le trouvais très drôle lorsque, d’une voix neutre, le visage mort, il exposa à son auditoire, la folie des passions. ”
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Extraits de son livre d’entretiens: « De près et de loin »
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p 207 Chaque culture se développe grâce à ses échanges avec d’autres cultures. Mais il faut que chacun y mette une certaine résistance sinon, très vite, elle n’aurait plus rien qui lui appartienne en propre à échanger. L’absence et l’excès de communication ont l’un et l’autre leur danger
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P 241L’idée que les hommes peuvent tirer d’eux mêmes des créations qui valent autant et même plus que celles de la nature (....) est le point d’aboutissement d’un courant qui a enfermé l’homme dans un tête à tête avec lui même. Déjà, Sérusier, un contemporain de Gaughin écrivait qu’en comparaison de ce qu’il avait dans la tête, la nature lui paraissait petite et banale. Or, à mon, sens, l’homme doit se persuader qu’il occupe une place infime dans la création, que la richesse de celle ci déborde et qu’aucune des inventions esthétiques ne rivalisera jamais avec celles qu’offrent un minéral, un insecte ou une fleur. Un oiseau, un scarabée, un papillon, invitent à la même contemplation fervente que nous réservons au Tintoret ou à Rembrandt. Mais notre oeil a perdu sa fraîcheur, nous ne savons plus regarder.
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Chapitre 19 la musique et les voix
La grande forme musicale récupère, me semble t il les structures de la pensée mythique. Avant de naître en musique, la forme “ fugue ” ou la forme “ sonate ” existaient déjà dans les mythes.
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Pourquoi le nu tient il une si grande place dans la peinture?
On pourrait croire que c’est à cause de la beauté intrinsèque d’un corps. La raison me semble différente. Même le peintre le plus blasé, habitué à faire poser des modèles, ne peut manquer d’éprouver à la vue d’un beau corps, une certaine excitation érotique. Ce léger éréthisme le stimule et aiguise sa perception. Il peint mieux. Consciemment ou inconsciemment, l’artiste recherche cet état de grâce. Mon rapport à la musique est du même ordre. Je pense mieux en l’écoutant.
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