Profession : Animateur !

Je vais, au sein de la commune où je réside, animer un club de lecture et un ciné club.

Pourquoi ce désir m’est-il venu, alors que j’ai toujours été d’un naturel plutôt misanthrope et sauvage ? Je me suis toujours tenu en retrait, lors d’un premier contact.

L’autre m’inquiète.

Je ne pense pas être seul dans ce cas. Mais vient un jour, sur le tard en ce qui me concerne, où, mon jardin étant plus ou moins mis en ordre, le jardinier que j’ai toujours été, éprouve le besoin de sortir visiter, plus attentivement, celui de ses voisins.

J’ai maintenant davantage envie d’écouter, d’apprendre, que de parler, de tenter de convaincre afin de faire valoir mon point de vue.

La priorité de l’animateur, tel que je conçois son rôle, sera donc de faire en sorte que les débats que nous aurons soient, avant tout,…. Vivants !..

Facile à dire ! Belle déclaration d’intention ! C’est excitant mais ça veut dire quoi, au juste ?

Pour qu’un débat soit vivant il faut aller chercher la vie « dans les plis » dans les recoins de l’âme….

Oh là là !!!! Ça commence bien ! Un rêveur ! Un utopiste ! Un « fada » comme on dit en Provence ! La vie, c’est pas une chose ! Un objet qu’on peut récupérer sur commande ! La vie ça n’existe pas. On aime le mot, on s’en gargarise, mais on ne sait pas quoi on parle. C’est trop vaste, trop vague. Trop de choses s’y rattachent. La vie, c’est comme l’amour. On ne peut pas la cerner, la définir. On peut juste tourner autour, sans comprendre, la plupart du temps.

Alors ça veut dire quoi mon gars ? Aller chercher la vie ?

Et bien ce sera faire en sorte, ou du moins essayer, par exemple, que toutes les personnes présentes repartent en n’ayant pas l’impression d’avoir perdu leur temps. Qu’elles disent en rentrant chez elles « C’était sympa ! » ou bien qu’elles repensent à ce qui a été dit en ayant l’impression d’avoir appris quelque chose… qu’elles aient envie de revenir la fois suivante.

Tu sais, quand ils ne sont pas obligés de participer, si les gens reviennent, c’est qu’ils en ont envie. Et quand a t-on l’impression de ne pas perdre son temps ? Quand on retire quelque chose de ce que l’on vient de vivre. Voila, le mot est lâché. On est content quand on a l’impression de vivre. De se sentir vivre, de sentir que là, en ce moment précis, on est vivant ou bien on a été vivant.

Et ça, ça peut arriver n’importe quand, n’importe où.

La difficulté sera de favoriser ces moments de grâce. Oui, je suis un peu « fada » mais c’est ce que j’ai envie de faire.

Qui seront les participants ? Des gens de tout horizon. J’ai déjà reçu quelques fiches d’inscription. Des gens ordinaires.

Que sais je sur eux ? Quelques idées générales, autant dire rien !

Par exemple, je sais, comme tout le monde, que tout où presque, dans notre société, est agressif et que celui qui ne parvient pas à se protéger efficacement souffre et finit par dépérir. A cela s’ajoute le fait qu’il faut toujours se dépêcher. S’arrêter un moment pour parler, échanger, nous devient un effort tel, que la plupart du temps nous n’avons plus la force de le faire. Le temps est devenu une denrée si chère que le plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un c’est de lui en donner un peu, de son temps.

Des horaires stricts, des bousculades, des sollicitations multiples, venant de tous les horizons. Pressés, angoissés, dépassés, beaucoup tentent de survivre et de ne pas perdre pied. Nous faisons de notre mieux et… Patratas ! Ce n’était pas ce qu’il fallait faire ! Mais que fallait il faire ? Et bien ma foi…Comme personne ne peut répondre à ta place, tu te démerdes comme tu peux…

Voilà pour les généralités.

Mais je m’égare. Revenons à nos moutons…

Comment rendre un débat vivant ?

A travers le prétexte d’un livre ou d’un film que nous choisirons ensemble, j’ai envie, en ce qui me concerne, de voir… ce que les jumelles ou les microscopes ne peuvent pas voir, à savoir: Les regards !….

Car ici, vois-tu, sur Internet, on parle, on échange certes, mais on ne voit pas les yeux de ses interlocuteurs. Et ça, ça me manque beaucoup…. Je sais pas toi, mais moi, oui.

Je regarderai donc... les regards. Je vais tenter de t'expliquer comment. En tant qu’animateur, j’irai doucement. Bien entendu. C’est indispensable ! Je connais l’intensité du mien, de regard ! lol… Bien sûr, toi qui me lis, tu ne peux pas le voir ! C’est ce que je disais qui est particulièrement frustrant pour moi! lol

Donc, aller doucement, car je me connais. J’ai acquis avec l'âge, un certain recul, certes, mais je me sais également d’un naturel passionné. Et ça, mec, je ne dois jamais l’oublier, car ça ne me quittera jamais et d'ailleurs je n'y tiens pas.

Je vais donc me méfier essentiellement de moi, me mettre sous contrôle permanent.

Le but demeurant toujours d’aller….un peu plus loin, pour trouver des bouts de vie, qui feront l’intérêt des débats, si tu préfères. Quelques étincelles de vie !

Chaque fois, si c’est possible, en regardant bien, tenter d'aller un peu plus loin, un peu plus fort, sans que les participants se sentent agressés ou même seulement bousculés.

Juste un peu. Juste ce qu’il faut pour, comme chante notre Johnny national : « Allumer le feu ! ».

Mais pas de cette façon. Pas comme lui le fait. Pas envie d’incendie. De délires… lol.

Juste que ça réchauffe... Tu vois ce que je veux dire ?

Et ça, je le sais, ce sera délicat ! Il faudra doser. Bien interpréter les regards.

Lancer des pistes, mais prendre garde à ne pas se retrouver seul en chemin. S’assurer en permanence que tout le monde suit, est bien là, toujours présent.

L’idéal étant, pour moi, que quelqu’un prenne la tête. Ce que je souhaite, bien sûr. Car mener n’est pas la meilleure position pour demeurer attentif.

Être curieux, tu vois, mais sans être suspect d’indiscrétion est un exercice difficile. Je me connais, je suis très très curieux des autres. Mais j’ai été trop souvent mal perçu. Les gens me regardaient d’un drôle d’air.

Il se sont méfiés et c’était bien normal. Chaque fois j’ai reconnu que c’était de ma faute. Parce que je m’y étais mal pris. J’avais été curieux et…impatient !!!. Quand on recherche la communication à un niveau inhabituel, un peu plus intense, un peu plus profond, on navigue à la limite des blocages de chacun. Il faut montrer patte blanche, avancer sur la pointe des pieds, ne pas hésiter à faire marche arrière avec un peu d’humour pour détendre l’atmosphère qui vient, d’un coup, de s’alourdir !!!.

Mais c’est cet exercice que j’aime et je vais donc le tenter.

Peut être cette nouvelle expérience sera t-elle un fiasco… Mais j’ai envie d’essayer, une fois encore, une fois de plus, afin de tester ce que je crois savoir…. De toute façon, même si ça foire, j’y apprendrai quelque chose. J’en suis sûr. Et donc, ça vaut le coup. Et je n’aurai fait de mal à personne.

Je n’aime pas l’échec. Je suis têtu et obstiné. Je crois qu’il faut essayer, re-essayer, encore et encore d’aller vers les autres, jusqu’à ce que l’on comprenne, ou que ce ne soit plus possible.

Souhaitez moi bonne chance ! mdrrrrrrrrrrrrrrr !!!!!!!!!

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