• Préavis de grève... au pays des fées.

     

    Il était une fois, là haut, dans les nuages….

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    <o:p> </o:p>C’était prévisible, et donc, prévu ! Quand le créateur reçut le préavis de grève, il demanda aux fées de lui envoyer une délégation représentative du mouvement afin de discuter de leurs revendications.

    Le malaise devenant de plus en plus tangible, il convenait de rassurer ces bonnes âmes de l’utilité de leur sacerdoce au service du bien.

    -          Créateur bien aimé, dit Melissa, la doyenne des fées, en s’inclinant très bas, cela n’est plus possible…. Lorsque vous avez décidé de notre naissance, il n’existait sur terre que quelques milliers d’êtres humains et plusieurs millions d’animaux divers. Ces derniers se débrouillant assez bien sans notre aide, nous avons pu consacrer pratiquement tous nos efforts à aider vos créatures à deux pattes à se tenir debout. Nous n’étions alors que quelques centaines mais c’était suffisant. Nos comptes rendus de réunions hebdomadaires s’avéraient positifs. Les humains développaient tranquillement leur intelligence dans le sens que vous aviez souhaité et nous avons utilisé les dons que nous avions reçu de vous à les guider sur la voie difficile de la connaissance.

    Mais ils sont aujourd’hui des milliards et nous ne sommes que quelques milliers. Les créations de poste au pays des fées n’ont pas suivi l’évolution démographique et aujourd’hui, nous ne pouvons plus suivre.

    Des zones entières de la planète ne sont plus visitées. Les hommes, sans fée pour les guider, font n’importe quoi. Ils massacrent leur environnement et ils se massacrent aussi entre eux. Une minorité affame une immense majorité. Quelques embonpoints se gonflent à outrance tandis que de nombreux enfants meurent de faim.

    <o:p></o:p>Créateur, bien aimé, nous pensons qu’il faut réagir !... Et vite ! Nous en sommes toutes d’accord. Ou bien vous augmentez de façon significative nos effectifs, ou bien vos créatures « intelligentes » vont finir par tout saccager et disparaître.

    Voilà, le constat que nous faisons ce jour, créateur bien aimé. Qu’en pensez vous ?

      

    Le Créateur, bien entendu ne fut pas surpris par le discours de la doyenne, ponctué comme il se doit après chaque phrase, par l’approbation murmurante des autres membres de la délégation des fées.

    <o:p></o:p>Que répondre cependant ? Certes, les fées faisaient tout leur possible, mais devant tant de souffrance et d’inconscience de la part des humains, leurs moyens de plus en plus limités incitaient, bien évidemment, au découragement….

    Comment leur faire comprendre que tout cela était  nécessaire et…en quelque sorte...voulu….

    -          Mes filles, mes enfants préférés, vous que j’ai doté de pouvoirs considérables pour apaiser les souffrances, les craintes, et les peurs des hommes…Vous qui réparez les injustices…, Vous qui ne ménagez pas vos efforts pour aider ces humains inconstants et puérils, qui gaspillent trop souvent leur intelligence à des futilités, ou qui s’en servent pour détruire et asservir leurs semblables, … je comprends votre lassitude.

    Je sais que vous voudriez faire davantage, mais vous n'ignorez pas que j’ai donné aux hommes tout ce qu’il faut pour agir dans le bons sens.

    Grâce à vous, je sais que des hommes et des femmes oeuvrent pour le bien de tous. Pas en nombre suffisant, certes, mais pour l’instant, cela me suffit.

    <o:p></o:p>Soyez rassurées ! Je ne mets pas en doute votre travail. Même quand je vois les catastrophes, les échecs, les erreurs, je sais qu'elles sont dues essentiellement à l’impatience ou à la cupidité des hommes. Je sais que si vous aviez pu les èviter, vous l'auriez fait.

    <o:p></o:p>Je vais vous avouer une chose. Quand j’ai créé l’homme, je ne savais pas comment il utiliserait cet outil merveilleux dont je l’ai doté....La connaissance...

    Car c’est une arme à double tranchant...Une chance mais aussi un fardeau. Savoir, comprendre, évaluer, c’est détenir la possibilité de changer le cours des choses, mais en bien… ou en mal…

    <o:p></o:p>Chaque homme, chaque femme posséde en lui cette faculté de faire la part des choses, et les choix qu'ils font me troublent grandement et me déroutent un peu.

    <o:p></o:p>Leurs actes sont désordonnés, maladroits et trop souvent pervers. Ils semblent avoir perdu la raison. Trop nombreux, leurs décisions se croisent et se contredisent.

    Vous êtes débordées, j'en suis bien conscient. Mais je suis aussi désemparé que vous devant tand de gaspillages !

    Cependant,… comment vous dire ?…Cela m’intéresse !

    Bien que très inquiet car j’ignore comment tout cela va finir, j'en suis en même temps très curieux !

    <o:p></o:p>Quel ennui en effet, de tout prévoir à l’avance !...et je goûte assez, je l'avoue, que  certaines perspectives m'échappent...

    J'observe les hommes, croyez moi, je ne les quitte pas des yeux... Mais je me garde d'intervenir. J'attends de voir ce qu'ils feront de leur avenir. Mais, contrairement à vous, je ne suis pas encore désespéré.

    S’ils ne se réveillent pas, s’ils laissent leur instinct de mort prévaloir sur leur instinct de vie, ils n’auront que ce qu’ils méritent.

    Qu’ils se débrouillent un peu tout seuls !

    Quant à vous, mes enfants, je ne vous demanderai jamais l’impossible. Vous faites ce que vous pouvez et cela me suffit. Bien sur, il y aura de plus en plus d’injustices, de plus en plus de morts inutiles et absurdes parce que vous aurez de moins en moins de possibilités d’intervention. Vous ne pouvez pas être partout… 

    Si je vois qu’un jour, la raison et la bonté prévalent enfin sur la folie dans l’esprit de mes créatures intelligentes, je repenserai à votre demande et j’augmenterai vos effectifs.

    Mais pour l’instant mes filles, sachez que votre père vous aime, qu’il vous tient en haute estime et que vous ne l’avez jamais déçu.

    Il est vrai, ajouta le créateur avec un petit sourire, que vous n’avez pas, vous, la connaissance, et qu’il ne vous est pas permis de choisir votre chemin.

    <o:p></o:p>Je vous ai créé pour aimer et servir. Vous n’avez donc pas le choix. Merci de votre aide. J’attendais votre visite depuis longtemps. Le fait que vous ayez tant tardé à vous manifester, me prouve a quel point votre dévouement est entier et sincère.

    <o:p></o:p>Un peu décontenancées par la teneur de ce discours, les fées se levèrent et se disposèrent à quitter en bon ordre le nuage de la réunion.

    Une jeune fée, récemment promue de l’école, passant devant le Créateur en suivant la file de ses collègues, se pencha respectueusement vers lui et demanda :

    -          Vraiment, père, vous ne savez pas quel sera l’avenir de l’homme ?

    Elle n’obtint, en guise de réponse, qu’un sourire indéfinissable. Elle ne put cependant pas s’empêcher de penser, qu’une fois de plus, elles avaient dû se faire avoir….

    <o:p></o:p>

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  • Commentaires

    1
    visiteur_magyc
    Mardi 13 Mai 2008 à 19:14
    un kikou pour toi... ici ! lol....
    2
    visiteur_Natacha
    Samedi 15 Novembre 2008 à 17:03
    J'adore, tellement vrai et en même temps bourré d'humour. La dernière phrase m'a faite exploser de rire. Je la pense souvent, il faut dire ! Bisous Julien
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