III

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- Tu en penses quoi papa de tout ça ? demanda Julien pendant leur promenade dominicale

- Tu te souviens de la poussière d’étoile que tu avais trouvée quand tu étais petit ?

- Bien sûr que je m’en souviens ! Comment veux tu que j’oublie ? Il m’arrive souvent, le soir, avant de me coucher, de chercher et de suivre un moment ma « bonne étoile » dans le ciel.

- Et si ce sorcier, ce mage, enfin ce personnage récurent de tes rêves, c’était la représentation imagée de ta « bonne étoile » ?

Julien éclata de rire.

- Papa… je n’ai plus cinq ans !  Maman a bien raison de dire que tu es toujours un vrai gamin…Toujours prêt à t’embarquer dans le merveilleux, toi ! Sacré papa !

Julien prit son père par les épaules et le serra affectueusement contre lui.

- Alors, ce sorcier mettrait un peu plus de désordre dans des péripéties déjà passablement décousues ? Pour me dire quoi ? Que devrais-je en penser à ton avis ? poursuivit Julien en riant toujours

- Tu ne me crois plus n’est ce pas ? Quand tu étais petit, tu partais pourtant plus vite que moi dans l’imaginaire…

- Mais si, je te crois ! Je te croirai toujours. Continue, que voulais tu me dire ?

- Je voulais simplement te dire que parfois, ce qu’on ne comprend pas dans l’instant peut se révéler plus tard. Voilà ! Tu sais Julien, d’après moi, ce qui t’arrive n’est pas fortuit. Tu me l’as dit. Tes rêves ne sont pas de véritables rêves. Ils ne s’effacent pas. Pourquoi ? À ton avis ? Parce qu’ils veulent te faire comprendre quelque chose que tu refuses de voir. Tu penses être atteint d’une maladie, dis tu ?…Drôle de maladie que celle là ! Ces rêves que tu fais ne sont pas des cauchemars ! Tant que tu ne chercheras pas à t’intéresser sérieusement à eux, je pense qu’ils continueront à t’obséder. Ta mère me l’a souvent dit.  Tu manques de confiance en toi.  Et je pense qu’elle a raison. Tu devrais écrire. Oh, je sais ce que tu penses de ça…tu me l’as déjà expliqué. Mais moi, je pense quand même que tu devrais écrire. Ecrire et comprendre. Comprendre et écrire. Les deux sont liés. C’est pour cette raison que je parlais de ta « bonne étoile » et d’un message qu’elle tente de te faire passer.

Encore une fois, les mots du père firent leur chemin dans l’esprit du fils. Julien, troublé, repensait à ses paroles en regardant, par la fenêtre de sa chambre universitaire, sa « bonne étoile » dans le ciel. C’est vrai qu’elle était toute petite, mais elle était bien là.

Retournant à son bureau, il ressortit les cahiers d’écoliers, remplis de ses « rêves »…Il y en avait beaucoup. Il commença à relire ses notes. Rien de sérieux, pensa t-il. Que faire avec ces bouts de phrases, jetés négligemment sur le papier ?

Il ne se sentait pas le courage de travailler là-dessus. A quoi bon ? Il se força tout de même à lire. Il veilla tard cette nuit là, penché sur sa table de travail. Mais après avoir noirci et froissé de nombreuses feuilles blanches, il contempla une dernière fois le ciel étoilé. « Existes tu vraiment ? Ou n’es tu que le fruit de mon imagination d’enfant ? »

Cette nuit là, aucun rêve ne vint troubler son sommeil. Pendant quelques jours, il dormit d’un sommeil paisible et Julien reprit une existence normale. Mais il retournait dans sa tête ce qu’avait dit son père. Ecrire pour comprendre…. Comprendre pour écrire… ses rêves ne le perturbaient plus, mais il restait tout de même préoccupé.

Il s’obligea, une fois de plus, à relire tout ce qu’il avait écrit. Les premiers cahiers, remplis de flashs confus n’évoquaient rien de précis. Mais que signifiait ce personnage de sorcier ? Que tentait il de lui dire par ses actes apparemment absurdes ? Et ces personnages, véritables girouettes qui changeaient de forme ? Pas de véritable histoire, rien pour s’accrocher, pour commencer à rédiger. Peut être suis-je trop cartésien pensa t-il ? Peut être que je manque d’imagination ? Manque de confiance en soi ? Si j’écrivais, qu’aurais-je envie d’écrire ?

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