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Le panier de crabes.
Le panier de crabes<o:p></o:p>
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"Ce que le malade doit apprendre, ce n’est pas comment on se débarrasse d’une névrose mais comment on l’assume et la supporte."
Jung , La guérison psychologique
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Cet aphorisme m'a donné l'idée de ce conte...
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Il était une fois
<o:p> </o:p>Une petite fée qui pleurait doucement, assise tout là haut sur son nuage. Elle était triste parce que son ami Julien ne la laissait plus entrer chez lui.
<o:p> </o:p>Depuis quelque temps en effet, il fermait la porte de ses rêves et Mymy ne pouvait plus le rejoindre pendant son sommeil.
<o:p></o:p>Elle connaissait bien Julien, Mymy. A sa naissance, elle l'avait choisi.
Chaque fée dans le ciel, rejoignait ainsi pour la vie, un nouveau né, dés que celui-ci poussait son premier cri. Elle le suivait ensuite, tout au long de son existence, partageant ses joies et ses peines, mais elle ne pouvait le rejoindre que la nuit, dans son sommeil. Alors, elle prenait sa main et le guidait dans ses rêves, vers les étoiles.
<o:p></o:p>Mais en cet instant précis, Mymy, impuissante, regardait tristement Julien qui rentrait chez lui, après sa journée de travail.
<o:p></o:p>Elle le vit, très en colère, balayer la table de sa cuisine dun revers de main. Il venait d'y trouver, comme chaque soir, un nouveau panier de crabes. Paniquées, les bestioles se répandirent sur le sol, tentant désespérément de se regrouper dans les coins, é l'abri.
Julien, s'empara alors du balai et entreprit de les chasser, déplaçant les meubles, les chaises et la table. Furieux, il ouvrit violemment la porte et expédia, à grands coups de pied cette engeance grouillante et malsaine vers l'extérieur.
<o:p></o:p>Puis il s'assit, épuisé. Se prenant la tête dans les mains, les coudes posés sur la table, il sanglota doucement
<o:p></o:p>Lorsqu'il releva la tête, les yeux rougis par la fatigue et par les larmes, il fixa longuement le mur, en face de lui. « Ce nest plus possible, pensa t-il, chaque soir cest la même comédie, je n'en peux plus. »
La petite fée ne savait que faire. Julien allait se coucher et, fixer longrment le plafond de sa chambre comme chaque soir depuis des mois, et il sendormirait tard, dun sommeil si agité quelle ne pourrait pas le rejoindre.
Dépliant ses petites ailes transparentes, Mymy décida de consulter sa consoeur qui se tenait prés delle, sur un nuage voisin et qui avait plus d'expérience qu'elle concernant les humains.
<o:p></o:p>- Cest quoi, ce panier de crabes que mon Julien trouve chaque soir sur la table de sa cuisine ? demanda t-elle
- Je n'ai jamais su précisément, répondit son amie. Tout ce que je sais, c'est que tous les humains, un jour ou l'autre en trouve,nt un dns leur maison et quils se débattent longtemps avec ça . Nous ne pouvons pas les aider. Ils doivent se débrouiller seuls. Mais ne t'inquiète pas, ils finissent par y arriver.
- Mais ça dure vraiment très longtemps ?
- Oui. Mais cela dépend ...
- De quoi ?- Ça dépend de ce qu'ils en font. Ça dépend comment ils réagissent face à ce problème. Ce qui est certain c'est qu'ils ne peuvent pas sen débarrasser en le jetant. Car tu l'as vu, le lendemain un autre panier a remplacé le précédent, à l'identique. Les plus nombreux, ne sachant que faire, renoncent à se battre et s'habituent. Ils font semblant de ne pas voir les crabes. Et, quand les bestioles sortent du panier et se baladent dans la maison, ils souffrent en silence. Elles font pas mal de dégâts, et ensuite elles reviennent dormir. Cest moche parce qu'elles puent énormément et leur odeur est insupportable. Je vois bien que mon petit Daniel à moi, bien qu'il fasse semblant de les ignorer, souffre de leur présence constante. Mais je ny peux rien. Parfois, il est moins mal que d'habitude, alors je le rejoins et je l'aide à oublier un peu. Mais cest vrai que c'est dur ! Cependant c'est tout ce que je peux faire pour lui et la plupart des fées font la même chose avec leur compagnon. Attends. Sois patiente. Julien finira par s'habituer à cette présence dans sa maison. Il te reviendra, sois tranquille .
Mais Mymy, dépitée, n'était pas tranquille du tout. En rejoignant son nuage, déçue par ces explications qui n'expliquaient rien, elle ne voyait pas comment aider Julien. Il le fallait pourtant. C'était si merveilleux la vie avec ce petit bonhomme, avant ..., Avant que ces crabes ne fassent leur apparition. Chaque nuit elle s'infiltrait dans ses rêves et ils partaient tous les deux pour de grandes balades dans les nuages. Ils survolaient des montagnes, courraient dans les prés, se roulaient dans l'herbe tendre qu'elle faisait verdir rien que pour lui. Toujours de bonne humeur, Julien riait , la prenant dans ses bras, la faisant tournoyer, dansant et chantant. Mais c'était loin tout ça. Cétait avant les crabes ! Avant que Julien ne perde sa joie de vivre
Et puis, un soir, il lui vint une idée et elle décida de la mettre en pratique. Elle ne pouvait se résoudre à attendre davantage que ça passe, comme préconisait sa consoeur. Oh, ce n'était pas une idée extraordinaire, mais il fallait bien faire quelque chose, alors pourquoi pas cela ?
Mais dabord, pénétrer de nouveau dans les cauchemars de son protégé. Et cela, ce n'était pas gagné.
Elle choisit un soir où, Julien, plus mal encore que dhabitude, se coucha sans se déshabiller, laissant les crabes dans leur panier, sur la table. Lorsqu'enfin il s'endormit, la petite fée sapprocha doucement. Elle eut beaucoup de mal à pénétrer dans les méandres obscurs de l'esprit enfiévré de son protégé, aussi, quand elle y parvint, elle attendit un moment, en silence. Puis, délicatement, elle fit naître prés delle un petit crabe minuscule et inoffensif.
Aussitôt, Julien, sentant une présence, remua dans son lit et fit entendre un faible gémissement. Elle entonna alors une chanson trés douce à son oreille. Lui prenant la main, elle déplia l'index du jeune homme et, trés doucement et trés lentement, elle lui fit caresser le dos du petit animal. Celui-ci, trop insignifiant pour disposer de pinces dangereuses, se laissa faire, car la petite fée veillait au grain. Chantant toujours faiblement elle ouvrit la main de Julien et, intimant toujours à l'animal qu'elle controlait de ne pas bouger, elle continua de promener ses doigts sur la carapace de la bestiole. Julien ne bougeait plus, ne gémissait plus. Mymy, prudente et attentive, continua ainsi toute la nuit. Au matin elle regagna son nuage et attendit que Julien se réveille.
Le lendemain soir, elle recommença l'opération, mais avec un crabe un tout petit peu plus gros. Et ainsi, chaque nuit, sans se décourager, ne sachant pas trop ou tout cela la menait.
Parfois, elle se trompait dans la taille de ses bestioles et Julien se réveillait immédiatement, en sueur. Exclue alors, sans ménagement de son esprit, elle se maudissait intérieurement. Mais elle persévéra, faisant preuve d'une patience exquise. Elle remaquait simplement que le sommeil de son compagnon paraissait beaucoup moins agité, qu'il semblait plus calme et que le matin, il semblait aussi plus reposé.
Et c'était déja ça ! Pour aider Julien, elle était prête à tout. Pendant des mois, elle continua ainsi de peupler le sommeil de son ami avec ses créatures invoquées, veillant, bien entendu, à ce quils ne pincent jamais la main qui les caressait.
Et puis un soir, toute étonnée, elle vit que son Julien, remarquant une fois encore le panier de crabes sur la table, ne se mit pas dans une colère noire, et qu'au lieu de s'en débarrasser violemment, il s'assit devnt lui et regarda à l'intérieur.
<o:p></o:p>Cela sentait toujours aussi mauvais et ce bruit de salive grouillant le répugnait. Cependant il tenta d'en saisir un, le plus délicatement possible.
Le résultat ne se fit pas attendre. Pincé, il retira vivement sa main, la portant à sa bouche, afin de calmer la douleur.
<o:p></o:p>- Sale bête ! cria t-il à voix haute.
Il prit alors le panier et le posa à terre.
Mymy observait, attentive et angoissée.
Au bout dun moment, alors quil semblait perdu dans ses pensées, Julien reprit le panier et le reposa, une nouvelle fois devant lui. Il saisit de nouveau un crabe gluant et visqueux mais cette fois, il attendit que celui-ci soit dans une position adéquate afin d'éviter, en le soulevant, de donner une prise facile aux pinces coupantes. Il souleva lanimal paralysé et l'observa longuement. Puis il le posa sur la table.
Le crabe, libéré, sempressa de remonter dans le panier.
Julien recommença l'opération, mais cette fois, tenant fermement l'animal, il le plaça sous l'eau du robinet.
L'animal se débattait. Après une immersion prolongée sous la douche, l'odeur diminua, la bave disparut.
Afin de l'empêcher de rejoindre les autres, Julien enferma sa prise dans un bocal en verre de façon à pouvoir observer son comportement.
L'animal, perdu et ne pouvant escalader la paroi glissante, finit par se résigner. Il se tint immobile, tapi au fond du bocal.
Laissant les choses en l'état, Julien partit se coucher.
Mymy s'empressa de le rejoindre et reprit ses manipulations. Julien caressait maintenant de lui-même les crabes inoffensifs, semblant y prendre même un certain plaisir.
Quand Julien, quelques jours aprés, ressortit le crabe de son bocal, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il constata que ce dernier, loin de se dépêcher de rejoindre les autres, tournait en rond, ne sachant plus que faire. Après quelques minutes de ce manège, de guerre lasse, il replia ses pinces, se mit en boule et ne bougea plus.
Julien doucement lui caressa le dos Pas de réaction.
Pour la première fois depuis bien longtemps, Mymy vit un sourire de dessiner sur les lèvres de son ami. Elle en fut tellement heureuse quelle sautilla sur place en frappant dans ses mains. Ce faisant, elle manqua tomber de son nuage. Heureusement, ses ailes aussitôt se déployèrent et elle retrouva son équilibre.
Petit à petit, à raison dune bestiole chaque soir, les crabes furent nettoyés et isolés.
Bien sur, il y eut des échecs.
Insuffisamment lavés, ils sempressaient de remonter dans leur tanière.
Mais à force de temps, de patience et d'obstination, Julien parvint à les maintenir éloignés les uns des autres. Sans la présence de leurs congénères, les crabes devenaient inoffensifs. Ils dormaient la plupart du temps et surtout, ils ne sentaient plus mauvais.
Julien se sentait mieux et la petite fée, constatant les progrès, de son humeur s'en réjouissait. La fatigue de son compagnon s'atténuait, chaque jour davantage. Il finit par connaitre chaque endroit de la maison vers lequel se repliait chacune des bestioles. Il avait appris à les reconnaître, à les identifier, et il les regardait de temps en temps s'apporcher le sourire au lèvre.
Il avait bien tenté de s'en débarrasser en essayant de les mettre dehors, mais il avait rapidement renoncé car les crabes revenaient toujours, et il avait fini par s'habituer à leur présence, allant même jusquà leur donner un nom.
Ce quil ignorait, ce qu'il ne pouvait pas savoir, cest que les noms de ses crabes, ce nétait pas lui qui les avait trouvés.
Ils lui venaient, comme ça, le matin en se réveillant
Son espace à nouveau propre et réorganisé, un calme nouveau, une nouvelle disponibilité descendit lentement en lui. Chaque jour, il reprenait le goût de vivre et chaque nuit, il retrouvait ses rêves.
Il se mit à les attendre, à les aimer car il les comprenait mieux.
Parfois aussi, il lui semblait ressentir, à ses cotés, une présence réconfortante...
<o:p></o:p>Et, ma foi, oui ! Il y avait des crabes chez lui, mais d'autres hébergeaient bien des chats, des chiens ou des oiseaux...
Certains même élevaient des serpents ..
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Alors .......................
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Commentaires
2visiteur_mimi59Mercredi 15 Octobre 2008 à 15:14très belle histoire3visiteur_urbainMercredi 15 Octobre 2008 à 16:294visiteur_starletteohMercredi 15 Octobre 2008 à 16:43une très belle histoire féerique qui nous emporte très très loin dans un autre monde ! que d'imagination Julien !5visiteur_NathounetteMercredi 15 Octobre 2008 à 18:07Jolie histoire...6visiteur_mylena54Mercredi 15 Octobre 2008 à 18:19coucou toi je viens de lire ta jolie histoire de julien et mymy . tres jolie comme d'habitude t'es ecritures sont tres agreables a lire gros bisous steph7visiteur_doudneMercredi 15 Octobre 2008 à 19:278visiteur_NatachaMercredi 15 Octobre 2008 à 20:41Ah Julien, qu'elles sont belles tes histoires, qu'elles enchantent le coeur et l'âme... Où puises tu tout ce talent.... Merci pour ce joli moment. Mégalo Bisous.
Natacha9visiteur_bedebede17Jeudi 16 Octobre 2008 à 14:45J'aime beaucoup lire tes histoires, elles sont vraiment belles! Je pense que ton inspiration te viens tout simplement de tes propres experiences, peut-être que je me trompe, mais lorsque je lis tes histoires, j'ai moi aussi l'impression de me voir à travers elles! bisous et bonne continuation , que l'on puisse te lire encore et encore!!10visiteur_furious4Vendredi 17 Octobre 2008 à 22:24A satané panier de crabes ...oui bien sur certains ont été apprivoisés mais trop peu à mon goût !!! il me reste encore des crabes dans mon panier ,mais ceux là jen'y arrive pas un peu trop agressifs pour moi ils me font trop souffrir dès que je les approches !!! pourquoi je n'arrive pas a les apprivoisés ??? peut être parce que ce n'est pas encore le bon moment un jour peut être !!!!merci julien pour ce moment passé en ta compagnie ....c'est toujours un régal que de te lire bizoussss ;o)11visiteur_jluc enfin.Samedi 18 Octobre 2008 à 14:36Et oui toujours aussi beau a lire et relire que du bonheur!!!!!qu'il est bien se julien lol tu es mon poete a moi rien que moi merci et encore merci gros gros bisou12visiteur_laurentDimanche 19 Octobre 2008 à 11:1813LabelscrapLundi 6 Avril 2009 à 00:46J'appr?e beaucoup cette "m?phore" du panier de crabes!!!! Car j'aime aller faire leur connaissance....J'aime leur grouillement incessant, ainsi que parfois leurs moments d'accalmies... Ce sont des b?tes int?ssantes! Elles semblent marcher "en crabe" , mais en fait , pour elles ! vont droit devant!!
J'aime aussi cette musique qui nous accompagne... le long de notre visite.....quoique au bout d'un moment on aimerait bien en changer!!!!14Lou foqueMercredi 8 Avril 2009 à 18:22Je viens de d?uvrir... Comment te dire? Zut! Je suis en panne de mots... Les tiens pour moi sont magiques... Zut, encore, les larmes coulent toutes seules... Tant de sagesse dans tes paroles... Tant de d?catesse et d'?ropos.. Ton panier de crabes est mon poulpe, avec ses tentacules qui repoussent ?'infini... Oui, tu es un sage... Tu as r?si ?tre l'observateur de ta vie... Avec l'intelligence de l'?... Consciente et inconsciente... Je t'admire... Et j'aimerais savoir faire...
Pardonne-moi ces propos un peu d?usus, jet?spontan?nt au gr?'un ressenti ?leur de peau... Je me sens moins seule... C'est tout... Amicalement, Lou15sami95Mardi 22 Juin 2010 à 23:03tu es un génieC'est gentil... à peine exagéré...mdr !!!!!!!!! Merci d'être passé me lire - Julien
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Encore de belles écritures :o) Bises @+