• Le panier de crabes.

     
     
     
     
     
     
    e1bf9dbe4d65c6eeb6f1a95d0552caed

     

     

    Le panier de crabes<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

     

    "Ce que le malade doit apprendre, ce n’est pas comment on se débarrasse d’une névrose mais comment on l’assume et la supporte."

     

    Jung , La guérison psychologique 

     

    *********************************

    Cet aphorisme m'a donné l'idée de ce conte...

     

    ******************************

     

    Il était une fois…

     

    <o:p> </o:p>Une petite fée qui pleurait doucement, assise tout là haut sur son nuage. Elle était triste parce que son ami Julien ne la laissait plus entrer chez lui.

    <o:p> </o:p>Depuis quelque temps en effet, il fermait la porte de ses rêves et Mymy ne pouvait plus le rejoindre pendant son sommeil.

    <o:p></o:p>Elle connaissait bien Julien, Mymy. A sa naissance, elle l’'avait choisi.

    Chaque fée dans le ciel, rejoignait ainsi pour la vie, un nouveau né, dés que celui-ci poussait son premier cri. Elle le suivait ensuite, tout au long de son existence, partageant ses joies et ses peines, mais elle ne pouvait le rejoindre que la nuit, dans son sommeil. Alors, elle prenait sa main et le guidait dans ses rêves, vers les étoiles.

    <o:p></o:p>Mais en cet instant précis, Mymy, impuissante, regardait tristement Julien qui rentrait chez lui, après sa journée de travail.

    <o:p></o:p>Elle le vit, très en colère, balayer la table de sa cuisine d’un revers de main. Il venait d'y trouver, comme chaque soir, un nouveau panier de crabes. Paniquées, les bestioles se répandirent sur le sol, tentant désespérément de se regrouper dans les coins, é l'abri.

    Julien, s'empara alors du  balai et entreprit de les chasser, déplaçant les meubles, les chaises et la table. Furieux, il ouvrit violemment la porte et expédia, à grands coups de pied cette engeance grouillante et malsaine vers l’'extérieur.

    <o:p></o:p>Puis il s’'assit, épuisé. Se prenant la tête dans les mains, les coudes posés sur la table, il sanglota doucement…

    <o:p></o:p>Lorsqu’'il releva la tête, les yeux rougis par la fatigue et par les larmes, il fixa longuement le mur, en face de lui. « Ce n’est plus possible, pensa t-il, chaque soir c’est la même comédie, je n’'en peux plus. »

    La petite fée ne savait que faire. Julien allait se coucher et, fixer longrment le plafond de sa chambre comme chaque soir depuis des mois, et il s’endormirait tard, d’un sommeil si agité qu’elle ne pourrait pas le rejoindre.

    Dépliant ses petites ailes transparentes, Mymy décida de consulter sa consoeur qui se tenait prés d’elle, sur un nuage voisin et qui avait plus d'expérience qu'elle concernant les humains.

    <o:p></o:p>- C’est quoi, ce panier de crabes que mon Julien trouve chaque soir sur la table de sa cuisine ? demanda t-elle

    - Je n'ai jamais su précisément, répondit son amie. Tout ce que je sais, c’'est que tous les humains, un jour ou l’'autre en trouve,nt un dns leur maison et qu’ils se débattent longtemps avec ça…. Nous n’e pouvons pas les aider. Ils doivent se débrouiller seuls. Mais ne t’'inquiète pas, ils finissent par y arriver. 

    - Mais ça dure vraiment très longtemps ?

    - Oui. Mais cela dépend…...

    - De quoi ?

    - Ça dépend de ce qu’'ils en font. Ça dépend comment ils réagissent face à ce problème. Ce qui est certain c’'est qu’'ils ne peuvent pas s’en débarrasser en le jetant. Car tu l'as vu, le lendemain un autre panier a remplacé le précédent, à l'identique. Les plus nombreux, ne sachant que faire, renoncent à se battre et s'habituent. Ils font semblant de ne pas voir les crabes. Et, quand les bestioles sortent du panier et se baladent dans la maison, ils souffrent en silence. Elles font pas mal de dégâts, et ensuite elles reviennent dormir. C’est moche parce qu’'elles puent énormément et leur odeur est insupportable. Je vois bien que mon petit Daniel à moi, bien qu’'il fasse semblant de les ignorer, souffre de leur présence constante. Mais je n’y peux rien. Parfois, il est moins mal que d’'habitude, alors je le rejoins et je l’'aide à oublier un peu. Mais c’est vrai que c'est dur ! Cependant c'’est tout ce que je peux faire pour lui et la plupart des fées font la même chose avec leur compagnon. Attends. Sois patiente. Julien finira par s'’habituer à cette présence dans sa maison. Il te reviendra, sois tranquille….

     

    Mais Mymy, dépitée, n’'était pas tranquille du tout. En rejoignant son nuage, déçue par ces explications qui n’'expliquaient rien, elle ne voyait pas comment aider Julien. Il le fallait pourtant. C’'était si merveilleux la vie avec ce petit bonhomme, avant…..., Avant que ces crabes ne fassent leur apparition. Chaque nuit elle s’'infiltrait dans ses rêves et ils partaient tous les deux pour de grandes balades dans les nuages. Ils  survolaient des montagnes, courraient dans les prés, se roulaient dans l’'herbe tendre qu'’elle faisait verdir rien que pour lui. Toujours de bonne humeur, Julien riait , la prenant dans ses bras, la faisant tournoyer, dansant et chantant. Mais c’'était loin tout ça. C’était avant les crabes ! Avant que Julien ne perde sa joie de vivre…

    Et puis, un soir,  il lui vint une idée et elle décida d’e la mettre en pratique. Elle ne pouvait se résoudre à attendre davantage que ça passe, comme préconisait sa consoeur. Oh, ce n’'était pas une idée extraordinaire, mais il fallait bien faire quelque chose, alors pourquoi pas cela ?

    Mais d’abord,  pénétrer de nouveau dans les cauchemars de son protégé. Et cela, ce n’'était pas gagné.

    Elle choisit un soir où, Julien, plus mal encore que d’habitude, se coucha sans se déshabiller, laissant les crabes dans leur panier, sur la table. Lorsqu'enfin il s'endormit, la petite fée s’approcha doucement. Elle eut beaucoup de mal à pénétrer dans les méandres obscurs de l’'esprit enfiévré de son protégé, aussi, quand elle y parvint, elle attendit un moment, en silence. Puis, délicatement, elle fit naître prés d’elle  un petit crabe minuscule et inoffensif.

    Aussitôt, Julien, sentant une présence, remua dans son lit et fit entendre un faible gémissement. Elle entonna alors une chanson trés douce à son oreille. Lui prenant la main, elle déplia l'index du jeune homme et, trés doucement et trés lentement, elle lui fit caresser le dos du petit animal. Celui-ci, trop insignifiant pour disposer de pinces dangereuses, se laissa faire, car la petite fée veillait au grain. Chantant toujours faiblement elle ouvrit la main de Julien et, intimant toujours à l’'animal qu'elle controlait de ne pas bouger, elle continua de promener ses doigts sur la carapace de la bestiole. Julien ne bougeait plus, ne gémissait plus. Mymy, prudente et attentive, continua ainsi toute la nuit. Au matin elle regagna son nuage et attendit que Julien se réveille.

    Le lendemain soir, elle recommença l’'opération, mais avec un crabe un tout petit peu plus gros. Et ainsi, chaque nuit, sans se décourager, ne sachant pas trop ou tout cela la menait. 

    Parfois, elle se trompait dans la taille de ses bestioles et Julien se réveillait immédiatement, en sueur. Exclue alors, sans ménagement de son esprit, elle se maudissait intérieurement.  Mais elle persévéra, faisant preuve d’'une patience exquise.… Elle remaquait simplement que le sommeil de son compagnon  paraissait beaucoup moins agité, qu'il semblait plus calme et que le matin, il semblait aussi plus reposé.

    Et c'était déja ça ! Pour aider Julien, elle était prête à tout. Pendant des mois, elle continua ainsi de peupler le sommeil de son ami avec ses créatures invoquées, veillant, bien entendu, à ce qu’ils ne pincent jamais la main qui les caressait.

    Et puis un soir, toute étonnée, elle vit que son Julien, remarquant une fois encore le panier de crabes sur la table, ne se mit pas dans une colère noire, et qu'au lieu de s'’en débarrasser violemment, il s’'assit devnt lui et regarda à l’'intérieur.

    <o:p></o:p>Cela sentait toujours aussi mauvais et ce bruit de salive grouillant le répugnait. Cependant il tenta d’'en saisir un, le plus délicatement possible.

    Le résultat ne se fit pas attendre. Pincé, il retira vivement sa main, la portant à sa bouche, afin de calmer la douleur.

    <o:p></o:p>- Sale bête ! cria t-il à voix haute.

    Il prit alors le panier et le posa à terre.

    Mymy ’observait, attentive et angoissée.

    Au bout d’un moment, alors qu’il semblait perdu dans ses pensées, Julien reprit le panier et le reposa, une nouvelle fois devant lui. Il saisit de nouveau un crabe gluant et visqueux mais cette fois, il attendit que celui-ci soit dans une position adéquate afin d’'éviter, en le soulevant, de donner une prise facile aux pinces coupantes. Il souleva l’animal paralysé et l’'observa longuement. Puis il le posa sur la table.

    Le crabe, libéré, s’empressa de remonter dans le panier.

    Julien recommença l’'opération, mais cette fois, tenant fermement l'animal, il le plaça sous l’'eau du robinet.

    L’'animal se débattait. Après une immersion prolongée sous la douche, l'’odeur diminua, la bave disparut.

    Afin de l’'empêcher de rejoindre les autres, Julien enferma sa prise dans un bocal en verre de façon à pouvoir observer son comportement.

    L’'animal, perdu et ne pouvant escalader la paroi glissante, finit par se résigner. Il se tint immobile, tapi au fond du bocal.

    Laissant les choses en l'’état, Julien partit se coucher.

    Mymy s’'empressa de le rejoindre et reprit ses manipulations. Julien caressait maintenant de lui-même les crabes inoffensifs, semblant  y prendre même un certain plaisir.

    Quand Julien, quelques jours aprés,  ressortit le crabe de son bocal, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’'il constata que ce dernier, loin de se dépêcher de rejoindre les autres, tournait en rond, ne sachant plus que faire. Après quelques minutes de ce manège, de guerre lasse, il replia ses pinces, se mit en boule et ne bougea plus.

    Julien doucement lui caressa le dos… Pas de réaction.

    Pour la première fois depuis bien longtemps, Mymy vit un sourire de dessiner sur les lèvres de son ami. Elle en fut tellement heureuse qu’elle sautilla sur place en frappant dans ses mains. Ce faisant, elle manqua tomber de son nuage. Heureusement, ses ailes aussitôt se déployèrent et elle retrouva son équilibre.

    Petit à petit, à raison d’une bestiole chaque soir, les crabes furent nettoyés et isolés.

    Bien sur, il y eut des échecs.

    Insuffisamment lavés, ils s’empressaient de remonter dans leur tanière.

    Mais à force de temps, de patience et d’'obstination, Julien parvint à les maintenir éloignés les uns des autres. Sans la présence de leurs congénères, les crabes devenaient inoffensifs. Ils dormaient la plupart du temps et surtout, ils ne sentaient plus mauvais.

    Julien se sentait mieux et la petite fée, constatant les progrès, de son humeur s’'en réjouissait. La fatigue de son compagnon s’'atténuait, chaque jour davantage. Il finit par connaitre chaque endroit de la maison vers lequel se repliait chacune des bestioles. Il avait appris à les reconnaître, à les identifier, et il les regardait de temps en temps s’'apporcher le sourire au lèvre.

    Il avait bien tenté de s’'en débarrasser en essayant de les mettre dehors, mais il avait rapidement renoncé car les crabes revenaient toujours, et il avait fini par s’'habituer à leur présence, allant même jusqu’à leur donner un nom.

    Ce qu’il ignorait, ce qu'il ne pouvait pas savoir, c’est que les noms de ses crabes, ce n’était pas lui qui les avait trouvés.

    Ils lui venaient, comme ça, le matin en se réveillant…

    Son espace à nouveau propre et réorganisé, un calme nouveau, une nouvelle disponibilité descendit lentement en lui. Chaque jour, il reprenait le goût de vivre et chaque nuit, il retrouvait ses rêves.

    Il se mit à les attendre, à les aimer car il les comprenait mieux.

    Parfois aussi, il lui semblait ressentir, à ses cotés, une présence réconfortante...

    <o:p></o:p>Et, ma foi, oui ! Il y avait des crabes chez lui, mais d’'autres hébergeaient bien des chats, des chiens ou des oiseaux...

    Certains même élevaient des serpents…..

    <o:p> </o:p>

    Alors….......................

     

    ---------------------@----------------------

     

     

    « Coucou ! Je m’appelle Julie….Emilie, la Pie Jolie…. »

  • Commentaires

    1
    visiteur_Taly86
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 13:49
    Julien a bien de la chance d'avoir une petite Mymy..........
    Encore de belles écritures :o) Bises @+
    2
    visiteur_mimi59
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 15:14
    très belle histoire
    3
    visiteur_urbain
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 16:29
    toujours autant poetique, te lire est que du bonheur.
    mille bisous d'amitié.
    michelle
    4
    visiteur_starletteoh
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 16:43
    une très belle histoire féerique qui nous emporte très très loin dans un autre monde ! que d'imagination Julien !
    5
    visiteur_Nathounette
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 18:07
    Jolie histoire...
    6
    visiteur_mylena54
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 18:19
    coucou toi je viens de lire ta jolie histoire de julien et mymy . tres jolie comme d'habitude t'es ecritures sont tres agreables a lire gros bisous steph
    7
    visiteur_doudne
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 19:27
    kikoo , ton histoire est magnifique, c'était un plaisir de lire ton oeuvre.
    bises
    8
    visiteur_Natacha
    Mercredi 15 Octobre 2008 à 20:41
    Ah Julien, qu'elles sont belles tes histoires, qu'elles enchantent le coeur et l'âme... Où puises tu tout ce talent.... Merci pour ce joli moment. Mégalo Bisous.

    Natacha
    9
    visiteur_bedebede17
    Jeudi 16 Octobre 2008 à 14:45
    J'aime beaucoup lire tes histoires, elles sont vraiment belles! Je pense que ton inspiration te viens tout simplement de tes propres experiences, peut-être que je me trompe, mais lorsque je lis tes histoires, j'ai moi aussi l'impression de me voir à travers elles! bisous et bonne continuation , que l'on puisse te lire encore et encore!!
    10
    visiteur_furious4
    Vendredi 17 Octobre 2008 à 22:24
    A satané panier de crabes ...oui bien sur certains ont été apprivoisés mais trop peu à mon goût !!! il me reste encore des crabes dans mon panier ,mais ceux là jen'y arrive pas un peu trop agressifs pour moi ils me font trop souffrir dès que je les approches !!! pourquoi je n'arrive pas a les apprivoisés ??? peut être parce que ce n'est pas encore le bon moment un jour peut être !!!!merci julien pour ce moment passé en ta compagnie ....c'est toujours un régal que de te lire bizoussss ;o)
    11
    visiteur_jluc enfin.
    Samedi 18 Octobre 2008 à 14:36
    Et oui toujours aussi beau a lire et relire que du bonheur!!!!!qu'il est bien se julien lol tu es mon poete a moi rien que moi merci et encore merci gros gros bisou
    12
    visiteur_laurent
    Dimanche 19 Octobre 2008 à 11:18
    jolie metaphore.....
    une autre vision de mon panier de crabes a moi !
    bonne journée julien !
    13
    Labelscrap
    Lundi 6 Avril 2009 à 00:46
    J'appr?e beaucoup cette "m?phore" du panier de crabes!!!! Car j'aime aller faire leur connaissance....J'aime leur grouillement incessant, ainsi que parfois leurs moments d'accalmies... Ce sont des b?tes int?ssantes! Elles semblent marcher "en crabe" , mais en fait , pour elles ! vont droit devant!!
    J'aime aussi cette musique qui nous accompagne... le long de notre visite.....quoique au bout d'un moment on aimerait bien en changer!!!!
    14
    Lou foque
    Mercredi 8 Avril 2009 à 18:22
    Je viens de d?uvrir... Comment te dire? Zut! Je suis en panne de mots... Les tiens pour moi sont magiques... Zut, encore, les larmes coulent toutes seules... Tant de sagesse dans tes paroles... Tant de d?catesse et d'?ropos.. Ton panier de crabes est mon poulpe, avec ses tentacules qui repoussent ?'infini... Oui, tu es un sage... Tu as r?si ?tre l'observateur de ta vie... Avec l'intelligence de l'?... Consciente et inconsciente... Je t'admire... Et j'aimerais savoir faire...
    Pardonne-moi ces propos un peu d?usus, jet?spontan?nt au gr?'un ressenti ?leur de peau... Je me sens moins seule... C'est tout... Amicalement, Lou
    15
    sami95
    Mardi 22 Juin 2010 à 23:03
    tu es un génie
    16
    Julien Daumange Profil de Julien Daumange
    Mercredi 23 Juin 2010 à 08:41
    C'est gentil... à peine exagéré...mdr !!!!!!!!! Merci d'être passé me lire - Julien
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :