• L'envol...

     

     

     

    L’Envol

      

    Hier soir, j’avais envie de passer te prendre. Par surprise.

     

    De t’inviter au restaurant.

     

    De te prendre la main, une fois assis à notre table, et de te regarder longuement dans les yeux en souriant.

     

    J’avais envie de te dire…, je ne sais plus…Ce dont je me souviens par contre, c’est que j’avais très envie de te faire l’amour… Doucement, pleinement, tendrement…Mais après…

     

    De te dire aussi que tout cela, bien sur, n’était pas pour de vrai, mais que j’avais envie d’y croire…

     

    Que décrivant parfois nos deux corps enlacés, notre désir commun grandissant, notre souffle qui s’accélère,  nous emportant loin, si loin par delà les nuages, c’était encore plus beau que si nous étions vraiment ensemble car aucun grain de sable n’aurait pu se glisser entre nous pour gâcher ce moment.

     

    Partout ailleurs qu’ici, je me sens moche et je ne m’aime pas.

     

    On n’est jamais à la hauteur des choses et des sentiments, car le désir nous ronge. L’égoïsme nous guette.

     

    Nous avons tant besoin d’aimer et d’être aimé que nous prenons, alors que nous devrions donner.

     

    Le désir d’un ailleurs, toujours remis à plus tard par les nœuds de la raison, par les contraintes de la vie nous devient un mirage obsédant.

     

    Il n’y a que dans les frondaisons de l’imaginaire que je me sens à ma place. Comme Peter Pan dont je fais, moi aussi, le complexe. Dans ces jardins merveilleux, oui, je me sens chez moi. Quand j’aime ici, tout me devient possible. Les barrières tombent, les différences d’âge s’estompent, les corps perdent leur épaisseur, leur graisse, on ne se prend plus les pieds dans ses fringues en se déshabillant…ou alors, si cela se produit,  cela devient un jeu supplémentaire, prétexte à des éclats de rire bien innocents.

     

    Oui, l’imaginaire est le pays des enfants. Et plus le temps passe, et plus je me sens redevenir enfant. A qui puis je avouer cela dans la vraie vie ? Les yeux dans les yeux ?

     

    Mais ici, dans ce restaurant ou nous sommes seuls au monde, je peux en te regardant dans les yeux, te dire que je t’aime et que dans un moment nous allons nous effeuiller ensemble, d’un commun désir, et que ce sera beau.

    Souviens toi…. « L’albatros »… Baudelaire…

    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d'eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime en boitant, l'infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

     

    Comment ne pas s’identifier à cet oiseau sublime et malhabile ?

    J’ai trop soif d’absolu. La laideur et les mesquineries du monde m’étouffent…

    Alors viens ! L’orchestre, sur l’estrade, s’est remis à jouer, et nous allons danser.

    Danser légers. Comme les oiseaux que nous pouvons être, si nous fermons les yeux….

    Ensuite, un peu ivres de vin et de fête, nous sortirons dans le parc, nous tenant par la main.

    Tu pousseras un petit cri de surprise lorsque, la joue égratignée, tu sentiras « un baiser fou, comme une folle araignée » te courir par le cou. « Et tu me diras « cherche » en inclinant la tête, et nous prendrons du temps à trouver cette bête, qui voyage beaucoup »…

    Merci Rimbaud pour ton aide précieuse… Elle n’est pas de trop !

    Je sais oui. Je t’emmène chez Cendrillon, au pays du Prince Charmant….

    Mais pourquoi pas ? Qu’est ce qui nous l’interdit ? N’est ce point là, que nous voulons tous vivre ?

    Alors, dans ces plaines enchantées ou tout devient possible, laisse moi inventer pour toi, des songes colorés, en formes d’arabesques virtuelles qui s’évanouiront au matin comme bulles de savon.

    Et fais semblant d’y croire, comme au bon vieux temps de ces 25 décembre où l’on descendait en courant les escaliers afin de découvrir les cadeaux du Père Noêl..

     

     Je t’embrasse. D’un amour virtuel certes, mais plus vrai que nature !

     

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