Antenne 2 - Le 27 Novembre 2012 20h 45

Passionnant ce documentaire sur l'autisme en première partie de soirée, surtout quand les jeunes gens évoquent leurs difficultés à vivre "normalement", faisant tous preuve, sans exception, d’une intelligence et d’une sensibilité hors du commun.

Et moi, téléspectateur, je me disais une fois de plus, que ce que l'on qualifie de "normal", est véritablement une notion très relative.

Qu'est ce qui est normal, qu'est ce qui ne l'est pas ?

En regardant et en écoutant ces jeunes autistes, j'avais la très nette impression que la normalité se trouvait de leur coté, plutôt que du coté de ceux qui continuent à les cataloguer d’attardés ou d’handicapés.

Si j'ai bien compris, l'autisme se caractérise essentiellement par la manifestation intérieure et extérieure de difficultés relationnelles multiples, plus ou moins profondes, ce qui fait qu'on ne peut parler d'autisme au singulier, mais de multiples formes d'autisme, suivant la gravité et la diversité de ces symptômes.

Peut être suis-je autiste moi même pensais-je, et peut être que nous le sommes tous plus ou moins, puisque nous avons tous des difficultés relationnelles avec nos semblables. Comme Monsieur Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir, sommes nous tous autistes sans le savoir...

Sauf que, - et c'est sans doute là que réside la différence - nous gérons tant bien que mal ces difficultés relationnelles, alors que les autistes ont le plus grand mal à s'en dépatouiller, et même parfois, n'y parviennent pas du tout.

D’où leur souffrance, que j'ai véritablement ressentie dans la description pointue qu’ils font de leur mal de vivre. Car ils parlent vrai ces jeunes gens avouant ne pas pouvoir tricher, puisqu'ils ne savent pas ce que tricher veut dire.

C'est cette souffrance, cette sincérité qui leur conférait une authenticité réelle, qui m'a beaucoup ému.

On comprend bien dés lors que pour eux, la seule protection possible, la seule issue, au sens Kafkaiën du terme, consiste à fuir, à se réfugier dans un monde à eux, une bulle totalement hermétique à nous autres, gens "normaux".

Mais n'avons nous pas nous aussi, gens "normaux", notre petite bulle personnelle ?

Il est question, à moment donné dans le documentaire, du pianiste Glen Gould, que j'adore, et qui est décrit lui aussi comme autiste, ce qui semble évident à la réflexion, lorsqu'on connait sa vie, sa carrière, son comportement social, et surtout lorsqu'on voit à l'image sa relation physique avec son piano.

Ces génies que nous vénérons, tant ils ont donné et donnent encore au monde de grandes et belles choses, ces "grands hommes" donc, seraient en fait de grand... "artistes"-"autistes" ?

Une scène de ce documentaire m’a frappé. Le jeune Hugo se plante devant un groupe de jeunes gens qui discutent entre eux. Il fixe intensément et ne peut détacher son regard de l'une des jeunes filles qui, excédée par ce comportement "anormal", lui lance un peu méchamment: "Tu veux ma photo ?"

Moi j'ai trouvé délicat et sensible le comportement « anormal » du jeune Hugo, alors que la réaction de cette jeune fille, pourtant "normale", m’a choquée…
 

Normal ? Anormal ?... Difficile à dire en ce qui me concerne…
 

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