• BACH
    L
    a musique de Bach m'a suivie depuis que j'ai commencé à jouer du piano.


    Petit, il fût d'abord, pour moi, synonyme d'exercices, de travail assommant, de contrainte, d'ennui. La musique de Bach est tellement organisée! Il y a tellement de lignes de chants, de contrepoint...

     
    Ah! Les fugues..., j'en avais plein les doigts...Je n'entendais rien. Tenir cette note, respirer, quelle barbe !


    J'ai persévéré sans savoir pourquoi, peut être parce que j'ai toujours aimé ce qui me résiste.


    J'ai écouté les grands interprètes de Bach, sans résultat.


    J'aimais, je croyais comprendre Chopin, Beethoven,... mais Bach, rien!


    L'admiration de mes professeurs successifs, lorsqu'ils parlaient de Bach m'intriguait, me portait sur les nerfs.


    Je pensais: " S'ils sont tous en extase devant ce type, c'est qu'il doit y avoir quelque chose d'important qui m'échappe. ".


    Je les revois, levant les yeux au ciel, s'exclamant: " Bach, notre père à tous... ".


    Ouais, bof !


    Et puis, plus tard, bien plus tard dans ma vie, quand j'ai renoncé à vouloir obtenir à tout prix quelque chose, quand j'ai  renoncé à passer devant, Bach est tout naturellement venu à ma rencontre et il m'arrive, maintenant, de prendre un réel plaisir à le jouer.


    Oh, pas tout le temps bien sûr, non, ce serait trop beau.


    Certains jours, trop souvent encore à mon goût, il m'échappe.


    Mais j'entrevois, par moments, tout ce qu'il y a de lumineux dans cette musique.

    Elle ne révèle ses secrets qu' à celui qui l'écoute en s'ouvrant complètement à elle.


    Rien n'est « facile » en musique.


    Ici, plus qu'ailleurs, il faut servir et non pas se servir.


    Je me suis aperçu, grâce à BACH, que je pouvais être d'accord.


    Maintenant, quand Bach me quitte, je sais que je ne vais pas bien.

    Je n'insiste pas, car rien n'est plus horrible que Bach, quand il est mal joué, et je sais de quoi je parle.


    Avec les romantiques, on s'arrange toujours, même si c'est profondément irrespectueux pour leur musique.


    Mais, comme je suis le seul à m'entendre, cela n'est pas trop grave, amis je m'en excuse, tout de même, auprès d'eux.


    On peut ramener Chopin ou Beethoven chez soi, l'espace d'un moment et leur demander de se voiler la face, de ne pas trop écouter.


    Mais il est impossible de tricher avec Bach. Si vous n'êtes pas complètement avec lui, il devient ennuyeux au possible.


    Ou bien vous entrez, humblement chez lui, à pas de loup, pour le servir, ou bien vous restez chez vous.


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