• Jean Bertrand PONTALIS

     

    Jean Bertrand PONTALIS

     

    Pontalis JB 1
     
     
     

    Encore un article (il en faudrait beaucoup) en forme d'hommage à un de ces grands hommes qui font partie de ma vie, et pour qui j'ai le plus grand respect. En compagnie de ce qu'ils nous ont laissé je me sens chaque fois plus intelligent, plus vivant aussi...

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    Le psychanalyste, écrivain, éditeur et philosophe JB Pontalis né le 15 janvier 1924 est mort dans la nuit du 14 au 15 janvier 2013. Il avait 89 ans.

     

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    Quelques extraits d’une interview donnée à Télérama en 2009

     

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    En analyse, le silence est la condition de la parole. Il constitue l'arrière-fond indispensable pour que le patient laisse surgir l'imprévu, ce qu'on appelle l'idée incidente. C'est la pensée qui vous tombe littéralement dessus, qui échappe au discours organisé des conversations ordinaires. Moi, j'appelle cela l'infans : ce qui se situe avant le langage et qui échappe à tous les codes, à tous les discours. On dit habituellement que l'infans, c'est celui qui est privé de parole. On oublie trop souvent que l'infans est celui qui a accès à tout un registre de sensations, d'images, de perceptions confuses mais très précieuses. L'infans est celui qui n'est pas encore tyrannisé par le langage.

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    On écrit pour laisser la parole à ce qui ne s'est jamais dit, à ce qu'on n'était pas à même de dire. On s'avance sur un territoire inconnu, non quadrillé, non répertorié dans notre cartographie intime. Ecrire, pour moi, c'est une traversée sans boussole, sans orientation précise. Quand je commence un livre, je ne fais jamais de plan. Et puis viendra, ou ne viendra pas, quelque chose d'inconnu... Donner la parole à celui qui ne parle pas : c'est peut-être ça que je retrouve dans l'analyse et dont j'essaie de rendre compte dans mes livres.

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    L'intermédiaire est un thème qui m'est assez cher, l'entre-deux est présent dans tous mes livres.

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    J’écris souvent des passages qui sont moins des chapitres que des séquences. Ensuite, j'essaie de faire une composition. C'est un peu comme un puzzle, on prend une pièce, puis une autre, on s'efforce de les organiser pour que les petits fragments forment un tout. Là encore, comme en analyse, chaque séance est un fragment de ce qui va plus ou moins s'organiser autour d'un motif prévalent, jusqu'à prendre une forme globale. Comme toujours dans la vie, je ne choisis pas grand-chose, ça s'impose.

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    Il m'arrive, lorsque mes livres sont édités en poche, de les relire. Alors là, j'ai l'impression bizarre d'avoir toujours écrit le même livre. Mais je me rassure : si je dis toujours la même chose, c'est que cette chose me tient à cœur. Ce n'est pas de la répétition, du ressassement, mais quelque chose sur quoi je dois revenir. Il y a un livre de Kierkegaard dont le titre a été traduit par La Répétition. Mais en fait, le terme exact, c'est « la reprise », ce qui n'est pas pareil. Il y a la reprise de la couturière, dans le sens de « raccommodage ». Et puis, la reprise dans le sens de « recommencement », de « répétition », comme au théâtre. On répète, mais à chaque fois, on modifie pour être plus près de la vérité. Donc je me dis que je pratique la reprise. Chaque livre est la reprise du précédent.

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    Il faut croiser bien des fantômes pour se construire une identité.

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    Nous avons tous une identité multiple. Personne n'a envie d'être réduit à soi. Personne n'a envie de se dire « je ne suis que ça »

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    Je n'aime pas beaucoup la dérision ambiante, l'esprit négatif qui s'en donne à cœur joie sans risque. C'est un refus de reconnaître ce qu'on doit aux autres. J'aime bien l'humour, parce qu'il y a de la sympathie pour l'autre dans l'humour. Alors que l'ironie peut faire très mal, c'est une forme de condescendance, de supériorité, qui ne m'est pas sympathique.

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    On a besoin de l'autre pour sortir de soi, mais il ne faut pas complètement rompre avec soi. La vie, c'est peut-être ça : une succession d'emprises et de déprises.

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    « Quand je lis un roman, ce qui me captive, ce n'est pas l'habileté du romancier, ni même l'art de la composition, c'est la profondeur, la pluralité de sens auxquelles il me donne accès, les voix multiples qu'il me fait entendre. »


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