• Impressions d'Irlande

     

    Impressions d’Irlande…

     

    « Un ciel bas et lourd », Baudelairien, « pesant comme un couvercle »… Masquant définitivement l’horizon, un ciel où la pluie se sent chez elle, déversant, sans crainte de déplaire, ses larmes fines et ses torrents.

     

    En Provence où je vis, la pluie est une intruse, rapidement chassée par un mistral coléreux.

     

    Mais le Connemara, sans elle, serait comme amputé. Ici, c’est le soleil qui, lorsqu’il parvient à se glisser entre la voûte grise, se sent mal à l’aise, timide et hésitant.

     

    La terre, aride, constellée de cailloux serrés et froids, cache sa rudesse sous une couverture verte, mais on la sent rageuse, repliée sur elle-même, peu disposée à se laisser ouvrir.

     

    Les hommes, ici, peinent sur les sillons. Ils en extraient la pierre, édifiant patiemment  de longs murets dérisoires qui découpent les champs en parcelles étroites et géométriques.

     

    Des ballots de foin noirs, à profusion… Des vaches qui paissent, dévorant l’herbe tendre…Un groupe de chevaux… Des poneys…et… bien sûr, des touristes, touristes dont je suis, tous en imperméables…

     

    J’ai marché longtemps en direction des falaises de Moher.

     

    Il pleuvait, j’avais froid et… je me régalais…Sous mon parapluie devenu rapidement antenne, ballotté par les bourrasques violentes du vent, j’ai contemplé longtemps, en bas, l’abîme grondant des vagues rugissantes.

     

    J'ai retrouvé la mer que j'aime, débarrassée des hommes, enfin libre, passionnée, coléreuse, puissante, obstinée…

     

    Cet à pic monstrueux, le bruit de roulement des vagues écumantes  et l’eau, descendant à profusion du ciel sur mon visage…

     

    Il me semblait l'entendre rire, se moquer bruyamment de mes protections dérisoires, que je tentais vainement de tenir, à deux mains…

     

    Des images, encore…

     

    Un village.

     

    De chaque coté d’une rue, des petites maisons en enfilade avec leurs toits de chaume soigneusement entretenus, tombant en protection sur de courtes fenêtres décorées de couleurs vives, bariolées, brillantes.

     

    Du lierre grimpant sur les murs.

     

    Des fleurs à profusion, des vases, de toutes dimensions, d’où partaient quelques plantes, à l’assaut de petites sculptures disséminées adroitement dans un jardin cossu.

     

    J’imaginais l’intérieur.Chaud sans doute, apaisant.

     

    J’appris que ce village participait au concours du plus beau village d’Europe et qu’il avait obtenu le premier prix...

     

     

    Imaginez la fin d’un monde.

     

    Nous y parvenons, en bus. La route s’arrête à cet endroit.

     

    Nous descendons du car…

     

    Toujours ce ciel plombé, cette pluie, fine et perforante.

     

    Devant le car, une courte étendue de sable et, très vite, un peu plus loin, la mer.

     

    Mais une mer qui rampe, une mer implorante, une mer qui, comme un large serpent, va et vient doucement, jetant timidement ses fines vaguelettes à nos pieds.

     

    Il fait nuit, tant le ciel est sombre.

     

    Je regarde autour de moi. A une cinquantaine de mètres, j’aperçois une maison,  une ombre de maison… Se découpe, sur le seuil, une minuscule silhouette de petite fille…

     

    Elle se tient debout, immobile, et semble nous regarder.

     

    Je distingue vaguement une robe droite, sans ornement.

     

    Je ne peux détacher mon regard de cette fillette, perdue dans un décor angoissant.

     

    Je pense à une solitude extrême….

     

    Voilà le souvenir que j’ai conservée des îles d’Aran,…

     

    Inishmore…

     

    On dit de certaines personnes qui font preuve, en toute circonstance, de volonté, d’exigence, de détermination, qu’elles ont du caractère.

     

    On les remarque, on s’en souvient.


    Ce pays, l’Irlande, ce que j’ai pu en voir du moins, ressemble à ces personnes. Il a du caractère !

     

    La Bruyère disait : “ Tout ce qui est mérite se sent, se discerne, se devine… ”.

     

    Je me suis senti bien en Irlande, comme avec un ami retrouvé, quand la parole est devenue superflue, que le silence est devenu… musical.

     

     

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    « Ils courent…mais après quoi ?Coucou ! Je m’appelle Julie…. »

  • Commentaires

    1
    visiteur_lilou
    Lundi 13 Octobre 2008 à 13:15
    C'est très vivant tes impressions d'Irlande, j'ai cru y être dans cette belle Irlande, les paysages avec ses murets de pierre, les tourbières, les collines de bruyère, les châteaux, debout ou en vestiges, les falaises de Moher, ses pubs toujours animés, ses légendes, as tu rencontré un léprechaume au détour d'un chemin ? en tout cas j'ai beaucoup aimé.
    Bisous Julien.
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