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    Ils ne furent pas dérangés. Marx léchait plusieurs fois par jour la blessure de son ami. Celle-ci ne saignait plus mais un liquide malodorant suintait de la plaie qui ne se refermait pas. Zara et ses deux congénères partirent quelques heures après avoir estimé que les chats étaient maintenant en sécurité. Marx l’avait remercié pour son aide.

    - Qui êtes vous ? avait il demandé à Zara. Pourquoi nous avez-vous aidé à fuir cet endroit ? Sans vous, nous serions sans doute mort tous les deux.

    - Chikou est un ami. Mon seul ami. Ce serait trop long à t’expliquer. Nous reparlerons de tout cela quand je reviendrai. Je dois partir maintenant, mais je reviendrai. La vie de ton copain est importante pour moi, et pas seulement pour moi. A très bientôt !

    Marx n’avait pas insisté. Il s’était levé peu après le départ des souris afin de partir chercher de quoi manger. Habitué à devoir se débrouiller seul, il ne tarda pas à revenir avec un gros rat dans la gueule. Mais Chikou ne réagit  pas. Etendu dans le refuge, le corps agité de soubresauts, il renifla le cadavre, sans y toucher. Marx, du museau, poussa le corps du rat le plus prés possible de son ami, mais en vain. Après plusieurs jours d’attente, il comprit que la situation non seulement ne s’améliorait pas mais qu’au contraire Chikou s’affaiblissait davantage. Il décida de partir. Après avoir laissé une carcasse d’oiseau déplumé dans la tanière, il se dirigea vers la route qui bordait la forêt.

    Marchant, courant dans les fossés, sans prendre le temps de s’arrêter pour se nourrir, se guidant à l’instinct, il parcourut ainsi une longue distance. Parvenu à la maison isolée dans la campagne, celle où était morte sa mère, il miaula le plus fort possible, un long moment, devant la porte. Lorsque celle-ci s’ouvrit, l’homme, baissant les yeux, le vit et dit :

    - Marx ! C’est bien toi ? Cela fait des semaines que tu avais disparu ! Je pensais que tu nous avais quitté définitivement. Mon dieu ! Que tu es maigre ! Entre vite ! Je vais te donner quelque chose à manger…

    Mais Marx regardait l’homme et continuait de miauler, sans bouger.

    - Tu ne veux pas entrer ? Manger un peu quelque chose ? Que se passe t-il ?

    Faisant mine de s’éloigner, le chat se retourna afin d’inviter l’homme à le suivre. Celui-ci, s’avança pour le caresser mais Marx se dégagea et fit encore quelques pas pour l’encourager à poursuivre. Parvenus à la limite de la propriété, l’homme s’arrêta.

    - Mais enfin où me conduis tu ?

    Marx reprit ses miaulements suppliants.

    - Bon ! Ok ! Je te suis. On verra bien…

    Un quart d’heure après, parvenus en haut d’une colline,  l’homme essoufflé s’arrêta de nouveau. Marx se retourna et reprit ses miaulements.

    -Oui, oui, je sais que je dois te suivre ! Mais attends deux secondes !... J’espère que ce n’est pas trop loin…

    Ils poursuivirent leur marche. Parvenus dans la forêt, prés du refuge où Chikou, toujours allongé sur le flanc, demeurait immobile, l’homme se pencha et le vit.

    - C’est donc ça que tu voulais me montrer ? Il est bien mal en point ton ami, on dirait…

    Enlevant sa veste, l’homme prit Chikou dans ses bras et l’enveloppa dans la doublure. Puis il le souleva et ils reprirent le chemin de la maison. Dans l’abri de jardin, l’homme ralluma le chauffage et déposa Chikou, inconscient, prés du radiateur. Après avoir disposé devant lui une assiette garnie de miettes de thon, il laissa les deux chats à l’abri pour la nuit.

    Marx veilla son compagnon, léchant son corps inerte, tentant de lui insuffler un peu de force.

    Le lendemain matin, l’homme revint. Il installa Chikou dans une cage, sur un vieux pull en laine.

    - J’emmène ton ami chez un vétérinaire. Toi tu restes là et tu manges un peu. Nous allons voir ce que l’on peut faire. Attends moi ! Je reviens !

    Bien sûr, Marx ne comprenait pas les paroles de l’homme. Mais il avait confiance en lui. Quand sa mère était tombée malade, il était venu, plusieurs fois par jour, s’asseoir prés d’elle et la caresser doucement. Marx avait ressenti la tristesse qu'exprimait ce regard posé sur sa mère mourante. Il s’était méfié de lui, au début, mais l'homme avait respecté les distances. Il posait l’assiette de nourriture devant lui et reculait afin de permettre au chat de s’avancer sans crainte. Sa mère, elle, s’était laissée caresser plus rapidement. Marx, constatant qu’aucun trouble n’apparaissait, s’était laissé, peu à peu, amadouer.

    Il attendit donc patiemment, le retour de son copain à deux pattes et de son ami. Mais l’homme revint seul.

    - Marx, ton copain est vraiment mal en point, dit il. Le vétérinaire m’a expliqué ce qui avait dû se passer. On lui a injecté dans le corps une substance toxique afin d’en mesurer les effets. C’est malheureusement fréquent. Les hommes font des expériences sur les animaux et trop souvent ils les font mourir, bêtement. L’infection de ton ami est profonde. Il doit être « purgé ». Le docteur s’occupe de lui. Il le garde quelques jours afin de suivre l’évolution des soins. Il est dans de bonnes mains. Je reviendrai dans trois jours voir comment il se porte. Je sais que tu ne comprends pas ce que je te dis, mais je voulais t’expliquer quand même. Je ferai tout mon possible pour que ton ami guérisse, crois moi. En attendant mange, bois, et repose toi. Il faut que tu reprennes des forces toi aussi. Depuis que Mélika nous a quitté, tu es le seul ami qui me reste. Je suis content que tu sois revenu.

    Tout en parlant, l’homme caressait affectueusement son pelage. Il sentait les os, sous ses doigts, juste sous la peau. Marx ronronnait doucement. Il ne comprenait pas, certes, mais la douceur de cette voix, les caresses prodiguées, tout cela finit par le détendre. Il se mit en boule et ferma les yeux. L’homme referma la porte et sortit.

    ---------------------------

     

    Les premiers rayons du soleil du printemps réchauffaient le corps de Marx qui se roulait dans la terre chaude du jardin. Il attendait, ne voulant pas s’éloigner de la maison dans le cas ou Chikou reviendrait. Très souvent, son bienfaiteur venait lui tenir compagnie dans le jardin. Il s’asseyait sur un fauteuil, Marx montait sur ses genoux et ronronnait. Et puis un jour, il lui annonça la bonne nouvelle….

    - Ton ami est revenu. Je l’ai installé dans la maison. Il se repose dans une pièce noire, afin qu’il se réveille doucement. Le vétérinaire a du l’opérer pour lui enlever une tumeur sur le flanc mais il m’a dit que la substance toxique injectée dans son corps se résorbait de plus en plus. Il ne lui manque plus que du repos. Dés qu’il ira mieux, je te le ramènerai. Il va faire beau et vous pourrez profiter du soleil. Tu es content ?

    Bien sur, Marx ne répondit pas, mais il entendait les paroles et il savait qu’elles étaient réconfortantes. Il frotta son museau contre la poitrine de l’homme en ronronnant de plus belle.

    Une semaine passa. Le soleil diffusait sa chaleur à la terre. Les journées d’avril, propices à la bonne humeur, allongeaient. Chikou, de retour dans l’abri de jardin sortait l’après midi et se couchait dans l’herbe tendre. Marx venait prés de lui et ils parlaient.

    - As-tu revu Zara ? demanda Chikou

    - Non, mais elle ne sait pas que nous sommes ici sans doute…

    - Je pense qu’elle doit le savoir au contraire. Zara nous a prouvé qu’elle savait nous retrouver. Sans cela, comment aurait elle pu nous sauver de cet enfer ?

    - Qui est cette Zara ? Comment as-tu fait sa connaissance ?

    Chikou raconta à son copain ses rencontres et ses discussions avec la souris, Zara.

    Lorsqu’il eut terminé Marx se lança dans une longue confidence:

    - J’ai toujours chassé et mangé des souris. J’ai tué toutes sortes de bestioles afin de nous maintenir en vie, ma mère et moi. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si c’était bien ou mal. Pour nous, et pour tous les animaux d’ailleurs, c’est chacun pour soi. Manger ou être mangé. Mais j’avoue qu’aujourd’hui, je m’interroge. Depuis que nous sommes arrivés dans cette maison, ma mère et moi, j’ai compris que les hommes n’étaient pas tous mauvais. Celui qui vient de te sauver la vie avait pris soin de ma mère avec une affection que je n’aurai jamais cru possible de la part d’un humain. Là bas, dans cet endroit ou avons failli mourir, j’ai retrouvé les hommes que je connais bien. Indifférents aux souffrances qu’ils nous infligent, stupidement cruels, bêtement méchants…. Mais je ne peux plus penser que tous les humains sont mauvais. Il suffit que l’on rencontre un représentant d’une race qui soit véritablement différent de ses semblables pour que notre vision des choses change, définitivement. Alors quand tu me parles de ta copine souris, aujourd’hui, je peux comprendre. Elle a raison. La haine n’est pas une bonne chose. Quand je détestais tous les humains, je me sentais agressif, méchant moi aussi, comme eux. Tuer devenait presque un plaisir. Ce n’était plus seulement une nécessité. Je n’aimais personne, seulement ma mère, même pas moi. Tout ce qui n’était pas nous deux devenait forcément hostile. Lona me le faisait remarquer. Ça la chagrinait de me voir comme ça, toujours en colère. Mélika aussi. Mais je n’avais pas envie de les entendre. Quand ma mère est morte, paisiblement, entourée des soins de cet homme qui t’a sauvé, quelque chose a changé en moi. J’ai perdu de cette agressivité systématique qui me rongeait. Bien sûr je reste toujours très méfiant à l’égard des humains mais je ne peux plus les condamner en bloc. A mon avis, Zara doit avoir eu une expérience de cet ordre dans sa vie. Ce qu’elle a fait pour toi prouve sa générosité et je crois que l’on n’est pas généreux naturellement. Quand il faut, sans cesse, défendre sa peau, on se durcit le cuir au contraire, comme je l’ai fait, moi. Zara a du rencontrer quelqu’un, ou voir quelque chose, qui l’a amenée à réfléchir.

    Marx se leva et s’étira longuement. Les deux chats restèrent un long moment silencieux, profitant des rayons du soleil.

    Chikou était encore faible. Mais chaque jour, la bonne nourriture aidant, ses muscles retrouvaient un peu de leur vigueur. Les menus élaborés avec amour par leur bienfaiteur ressemblaient à ceux de Paulo, le garçon cuisinier de la zone, et Chikou ressentit un pincement au cœur en pensant à ses amis demeurés là bas. Plusieurs mois s’étaient écoulés. Il ne savait pas très bien mesurer le temps mais il se doutait que son exode tirait à sa fin. il voulait cependant, avant de prendre la route du retour, recouvrer la pleine possession de ses moyens.

    ---------------

     

    - Tu m’as dit que tu avais rencontré Melika, dans cet endroit que tu appelles « la zone ». Comment s’est elle retrouvée là bas ? Elle te l’a dit ? demanda Marx.

    - En fait, non ! Elle m’a raconté sa vie, ici, avec vous. Elle m’a parlé de son papa et de sa maman humains, elle m’a parlé de toi et de ta mère. Mais nous avons été interrompus. De toute façon, Manouche m’a dit ensuite qu’elle n’aimait pas parler de la vie qu’elle a menée après son départ d’ici. Peu de chats savent ce qui lui est arrivé ensuite et comment elle est parvenue jusqu’à la zone.

    - Manouche ? Qui est Manouche ?

    - Sa fille, la fille qu’elle a eu avec Sam.

    - Et… qui est Sam ?

    - Sam, c’est le boss…enfin c’est le personnage central de la communauté des chats de la zone. On ne peut pas dire qu’il en soit le chef, car tu sais bien que chez les chats il n’y a pas de patron. Disons que tous les chats le respectent… Manouche m’a dit que sa mère avait vécue un moment avec Sam et qu’elle pensait donc que celui-ci était son père puisqu’elle est née pendant cet intervalle. Mais toi, sais-tu ce qui est arrivé à Melika ?

    - Non, pas vraiment. Un jour, elle a disparu. Elle sortait de temps en temps nous voir, ma mère et moi, et on parlait ou on se reposait ensemble. Et puis un après midi, j’ai vu que son papa et sa maman la cherchaient partout. Le jour, la nuit, ils l’ont cherchée longtemps, très longtemps. Je l’ai cherchée aussi. J’ai battu la campagne avec ma mère qui, malgré son âge, a tenu à me suivre. Mais Mélika n’est jamais revenue. Voila, c’est tout ce que je peux te dire... Mais toi ? Pourquoi es tu parti de cet endroit ou tu devais sans doute te sentir bien ? Non ? 

    - Je ne suis pas parti volontairement. J’ai dû partir. Sam fait passer aux chats qui veulent rester dans la zone, une sorte d’épreuve. Du moins à quelques uns. Il m’a demandé de partir un an, d’aller où je voulais à condition que je ne traîne pas dans le coin. Je peux, si je désire ne plus revenir, m’installer où bon me semble, mais si je veux retourner dans la zone, je dois m’absenter, d’abord, un an.

    - Et que dois tu faire pendant cette année d’exil ?

    - Rien de précis. Ce que je veux. Il n’y a qu’une condition de durée à l’épreuve

    - C’est curieux,… je ne comprends pas.

    - Moi, non plus je ne comprenais pas, mais je commence un peu à comprendre maintenant. En quittant la zone, Sam voulait, je pense,  me priver de la sécurité dans laquelle je me trouvais. Prés d’eux, j’avais des amis, des repères. Je menais une existence plutôt calme, tranquille. En me demandant de quitter cela, il savait que je devrai me débrouiller seul, survivre par mes propres moyens. Je pense que c’est cela l’épreuve. Acquérir une expérience, me frotter aux difficultés de la « jungle » comme tu disais. Toi, tu t’es battu pour subsister, tu sais te débrouiller seul. Par exemple, tu ne t’es pas fait piéger par la cage. Alors que moi, si ! Je me suis fait avoir par manque d’expérience. Voila ! Aprés avoir quitté la zone, j’ai galéré. J’ai eu faim, je me suis battu, enfin je me suis retrouvé là ou tu sais. Je pense que Sam savait qu’il fallait que je m’endurcisse au contact des réalités de la vie. Enfin, c’est l’idée que j’ai du motif de l’épreuve…

    - Hum ! Peut être…il me parait quand même un peu bizarre, ton Sam. Quel droit a-t-il de faire passer des épreuves ? Moi je n’aurai pas accepté en tout cas….

    - Je pense qu’il ne te l’aurait pas demandé... Je pense qu’il sait ce qu’il fait. Et puis, il y a Thoustra aussi, un autre personnage particulier…mais je t’en parlerai une autre fois. Je suis un peu fatigué.

    La pelouse du jardin sentait bon. Les deux chats passaient des heures à se chauffer au soleil et les jours s’écoulaient lentement, dans le calme d’une paix retrouvée. Sur son flanc, les poils de la fourrure de Chikou avaient retrouvé leur longueur d’origine et la blessure ne se voyait plus du tout. Parfois, ils partaient se promener, sans trop s’éloigner de la maison car Marx avait prévenu son ami. Pas seulement contre les piéges, mais aussi contre les appâts empoisonnés que l’on pouvait trouver dans l’herbe et qu’il ne fallait surtout pas toucher.

    Ce fut au cours de l’une de ces balades qu’ils rencontrèrent un jour une petite souris qui leur fit signe,… de loin. Manifestement, elle n’était pas à l’aise et n’osait pas s’approcher. Ils la virent, dressée sur ses pattes de derrière, faisant des signes avec ses pattes de devant, en frottant vigoureusement ses moustaches. Intrigués, ils s’avancèrent doucement.

    - J’ai un message pour celui qui s’appelle Chikou, dit elle lorsqu’ils furent à portée de voix.

    - C’est moi dit l’intéressé. Qui es tu ?

    - Je suis Momo ! C’est Zara qui m’envoie…Elle veut savoir si tu vas bien et si tu peux venir lui parler.

    - Où se trouve t elle ?

    - Si tu es d’accord, suis moi !

    - Je peux venir avec mon copain ?

    - Je sais pas. Zara ne m’a rien dit à ce sujet.

    - C’est loin le rendez vous ?

    - Non ! Pas loin.

    Momo tourna le dos et partit en courant dans les herbes. Les deux chats n’eurent aucun mal à la suivre. Parvenus au pied d’un mur en ruine, la petite souris s’arrêta et dit :

    - Attendez moi là ! Je vais prévenir Zara.

    Les deux chats s’assirent. Peu de temps après, Zara les rejoignit.

    - Bonjour Chikou, dit elle. Tu as l’air en bonne forme. Je vois que tu es venu avec ton ami.

    - Oui. Je crois que Marx est curieux de savoir qui tu es.

    Il se tourna vers son ami. Celui ci resta silencieux.

    - Je vais bien, poursuivit il. Et toi ? Comment fais tu pour me retrouver chaque fois ?

    - Tu vas sans doute être étonné... C’est grâce à toi !

    - A moi ?

    - Oui ! Tu vas comprendre. Cela fait bien longtemps que tu es parti maintenant. Tu ne vas pas tarder à revenir en ville si tu le souhaites. Quand tu nous as quitté, mes congénères m’ont demandé pourquoi tu ne venais plus jouer avec elles. J’ai essayé de leur expliquer les raisons de ton absence. Elles n’ont pas compris, bien sûr, pas plus que moi à l’époque. Mais j’ai bien vu que ton départ les attristait. Alors, j’ai eu une idée. Je les ai réuni autour de moi, peu après, et je leur ai demandé si elles voulaient bien m’aider à te retrouver. Elles ont approuvé avec joie et, nous avons élaboré un plan. Chaque souris est membre d’une famille nombreuse, disséminée un peu partout. Je leur ai alors demandé de contacter leurs parents et amis afin qu’eux-mêmes contactent d’autres relations et ainsi de suite. Un véritable réseau d’informations s’est ainsi constitué. Aujourd’hui, je peux savoir à peu prés tout ce que je veux, quand je le désire. Elles n’ont pas tardé à retrouver ta trace. L’odorat des souris est très développé, tu le sais. Alors, elle ont suivi les déplacements des humains, à partir de l’endroit ou tu as été capturé. Elles ont retrouvé la voiture, puis la maison ou l’on t’avait enfermé. Ensuite, à plusieurs, nous avons cherché le moyen de pénétrer dans l’édifice. Lorsque l’on a trouvé un endroit propice au creusement d’un tunnel, on a dégagé la voie. La suite, tu la connais.

    - Mais pourquoi dis tu que c’est grâce à moi. Je n’ai rien fait, moi…

    - Mais tu es à l’origine de cette aventure collective ! Sans ton amitié avec mes congénères, rien n’aurait été possible. C’est parce qu’elles avaient de l’affection pour toi qu’elles ont consenti à se grouper, à faire bloc pour te retrouver. Grâce à toi, nous avons tissé entre nous des liens qui n’existaient pas auparavant. Nous sommes devenues solidaires. Est-ce que tu te rends compte que c’est ce que j’ai désiré toute ma vie ?

    - Oui, je comprends bien ce que tu dis…mais je persiste à penser que je n’ai rien fait de spécial. J’ai simplement compris, grâce à toi, que les souris n’étaient pas indispensables à mon alimentation et qu’à l’occasion elles pouvaient être des compagnons de jeu agréables. C’est tout !

    - Oui, bon, si tu veux !... Tu es toujours aussi modeste… Ne change rien, et n’en parlons plus ! Ton ami, là, qui est il ?

    - Marx ? Sans lui, je serai mort. Il m’a sauvé.

    - Ce n’est pas moi qui t’ai sauvé, dit Marx. C’est l’homme chez qui nous habitons maintenant. Moi, je suis allé le chercher. Je ne pouvais rien faire d’autre.

    - Oui, enfin…Et je suppose, Zara, que pour me retrouver chez cet homme, tu t’es servi également de ton groupe d’espionnage de souris… C’est formidable en tout cas ! Vous êtes nombreuses si je comprends bien ?

    - En fait, je l’ignore. J’ai eu l’idée du réseau mais je ne sais pas combien il compte de membres. Tout ce que je sais, c’est que lorsque j’ai besoin d’une information, il me suffit de demander à une des souris de mon groupe et tout se met en branle. Tu peux pas savoir comme je suis contente d’avoir pu créer cela. Je n’aurai jamais pensé pouvoir former une véritable communauté avec ces souris insouciantes et enfantines qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez.

    - Tant mieux ! Je suis content pour toi. Que vas-tu faire maintenant ?

    - Puisque tu es sauvé, je vais rejoindre mon groupe, là bas, dans la décharge, prés de la ville. J’espère que tu reviendras nous voir. Nous t’attendons. Je vais dire à mes copines que ton retour est proche…. Au fait, tant que j’y pense, Joss n’est plus revenu nous persécuter depuis ton départ. Curieux non ?

    Zara se frotta fébrilement les moustaches, manifestant ainsi un petit sourire complice. Elle tourna ensuite le dos et repartit. Une vingtaine de souris s’élancèrent à sa suite.

    Chikou et Marx repartirent vers la maison.


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