• Extraits....

     
     
     

    Sylvie Germain - Magnus

    Prix Goncourt des Lycéens 2005

    I have a dream

     

    Les rêves sont faits pour entrer dans la réalité, en s’y engouffrant avec brutalité si besoin est. Ils sont faits pour réinsuffler de l’énergie, de la lumière, de l’inédit, quand elle s’embourbe dans la médiocrité, dans la laideur et la bêtise.

     

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    Elle voulait réussir à honorer sa mort.

     

    Il s'étend à ses côtés et l'enlace douce­ment.


    Leurs deux visages se touchent, leurs yeux sont si proches que leurs cils se frôlent et leurs regards se mêlent.


    Ils ne voient plus rien, ils per­çoivent juste une lueur qui frémit comme une petite flaque de soleil au creux d'un buisson.


    Ça les amuse…


    Elle n'a plus la force de rire, elle sou­rit.


    Et leurs sourires aussi s'entremêlent, et leurs souffles.


    Ils ne parlent pas, n'ont plus rien à se dire, ou trop à se dire, c'est pareil en cet instant.


    Ils sont bien, là, comme ça blottis l'un contre l'autre, hors temps, hors désir, dans le nu de l'amour.


    Leur complicité n'a jamais été si dense, si vaste, si lumineuse. Ils sont dans l'absolu de la confiance, de l'abandon de soi à l'autre, de l'ou­bli de soi dans l'étonnement.


    Jamais ils ne se sont sentis aussi présents l'un à l'autre, aussi pré­sents au monde — mais sur son seuil, non plus en son plein.


    Il voit se ternir la petite flaque de clarté qui frémissait au bout de ses cils, il entend se taire le souffle qui chuchotait à l'unisson du sien.


    Cependant il ne bouge pas, il enserre juste le visage aimé entre ses mains, et il reste long temps ainsi, longtemps dans le silence devenu infini de l'amour.


    Elle a honoré sa mort.

     

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     Jamais il n'a abordé la question de Dieu.

     

    Pour elle, il n'y avait pas de question à ce sujet, seulement une négation, l'abrupte évidence d'un Rien.


    Toute religion n'était à ses yeux que broderies et fioritures, plus ou moins frustes ou raffinées, arrangées autour de ce vide pour en masquer la nauséeuse énormité. La terre, l'ensemble de l'univers, la vie humaine n'étaient que les fruits d'un hasard extravagant.


    Des fruits splendides autant que vénéneux. Et la seule «voix divine » qu'elle reconnaissait, c'était le bruit sourd du coeur des vivants quand il se fait fabuleusement sonore aux heures jubilantes de l'existence, aux heures nocturnes de l'angoisse, et dans les instants solaires de la jouissance.


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    Chaque être aimé en disparaissant ravit un peu de chair, un peu de sang à ceux qui restent sur terre, tremblant de froid et de fadeur dans le crachin continu de l’absence…

     

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    Un très beau livre, une écriture ciselèe à l'extrême, une atmosphère qui évolue dans toutes les nuances de gris, la couleur de la vie.

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