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Des rêves . Et ce quils deviennent
Des rêves . Et ce quils deviennent <o:p></o:p>
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</o:p>Antoine avait toujours beaucoup rêvé
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Forcément<o:p> </o:p>
On lui avait volé très tôt son présent, et lavenir, on sen occupait pour lui.<o:p></o:p>Pour son bien, maman veillait au grain.
<o:p></o:p>Elevé dans du coton comme on dit Protégé, très protégé .
Le bonheur parfait !
Tant quil ne mettait pas le nez dehors .
<o:p></o:p>Restait donc, pour lui, limaginaire !
<o:p></o:p>Dans cet espace réservé, le seul possible, Antoine évoluait en maître absolu. Tout lui était permis .Modelant le monde à sa convenance, tout devrait plus tard, lui sourire et si cela ne se passait pas comme il le souhaitait, et bien, il changerait la vie !
Deux branches parallèles se développèrent ainsi, opposées et contradictoires, jusquà former à lâge adulte, lossature de sa personnalité.
Dun côté le désir croissant et exacerbé de vivre pleinement ses rêves et de lautre la sensation accrue du danger que cela représentait. Danger de cette réalité extérieure que maman occultait, de cette peur de linconnu, formellement interdit.
<o:p></o:p>Curieux mélange avec lequel il allait falloir se débrouiller
<o:p></o:p>Maman choisit donc lavenir dAntoine, à sa convenance, c'est-à-dire sans risques
<o:p></o:p>Lidéal pour maman, cétait la fonction publique, la sécurité de lemploi.
<o:p></o:p>Bien sûr, Antoine avait un peu renâclé, cela ne semblait pas du tout en accord avec ses idéaux Mais que faire quand maman se mettait en colère devant les fantasmes de son jeune garçon .
Comme on dit, la réalité nous rattrape toujours. Ce qui signifie que lon tombe tous, un jour ou lautre au bord du trottoir. Sauf que certains tombent de plus haut et parfois de beaucoup plus haut
Ambitieux mais prudent, Antoine, comme tout le monde, se fit mal aux genoux en tombant. Bah ! Ce nétait pas très grave mais néanmoins suffisant pour réfléchir et ne pas recommencer. Maman nétait plus là
<o:p></o:p>Très en retard Antoine
Il comprit, plus tard, beaucoup trop tard sans doute, que lexacerbation des désirs mélangée à la peur de linconnu induit inévitablement au besoin de se protéger et donc de tricher.
Et ce faisant, « les progrès en amour furent donc assez lents ». Ce titre dun livre de Jean Paulhan lui avait beaucoup plu alors quil nen comprenait pas encore le sens.
<o:p></o:p>Il est difficile, en ayant un sens très aigu du danger, de sy plonger, sans réfléchir, la tête la première. Craintif et très sensible à la douleur, Antoine ne se risquait donc dans linconnu qua doses homéopathiques et savamment calculées.
Pendant ce temps, les années défilaient Pendant quil tentait vainement dajuster ses rêves aux réalités de la vie, la vie, elle, nattendait pas !
Les erreurs, les absences, les manquements, saccumulaient, laissant des traces indélébiles qui deviendraient plus tard les cicatrices de son vécu.
<o:p></o:p>Ce quil avait raté en chemin nétait plus rattrapable
<o:p></o:p>Que reste t-il enfin, quand tombent les vieux habits, les uns après les autres et quil fait toujours aussi froid ?
Ce soir là, Antoine fit du feu dans sa cheminée.
<o:p></o:p>Vivre nu nest pas possible.
Alors, comme il nétait pas riche, Antoine acheta des habits doccasion.
Peu importe, il ne méritait pas plus.
Seulement, cette fois, en shabillant devant le feu quil venait dallumer, Antoine prit soudain conscience que ces habits étaient les siens, et que lendroit ou il se trouvait cétait sa maison.
<o:p></o:p>Il savait quil était chez lui et quici, tout ce qui lentourait lui appartenait, en propre.
Il connaissait maintenant le prix des choses. Et si tout ce quil possédait ne valait pas grand-chose, cétait tout ce quil pouvait soffrir et cela durerait le temps quil voudrait.
<o:p></o:p>Peu importait désormais.
<o:p></o:p>Ayant perdu toutes ses illusions, il retourna vivre dans ce qui restait de ses rêves, conscient maintenant de ce quils valaient.
<o:p></o:p>Et ils valaient chers, ses rêves ..
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Commentaires
Comme quoi, se construire est aussi difficile que de vouloir être soi même....
Nous sommes contraints de vivre dans des paradoxes et nos rêves sont l'échappatoir à ce monde idyllique.
Merci Julien pour tes textes qui sont toujours une joie à lire !