• Dans l'ombre de Cyrano...

     

    Dans l’ombre de Cyrano...

    <o:p> </o:p>

    "Mais… chanter,<o:p></o:p>

    Rêver, rire, passer, être seul, être libre,<o:p></o:p>

    ………………………………..<o:p></o:p>

    Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,<o:p></o:p>

    Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !<o:p></o:p>

    Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,<o:p></o:p>

    Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,<o:p></o:p>

    Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,<o:p></o:p>

    Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,<o:p></o:p>

    Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,<o:p></o:p>

    Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    J’étais derrière….

    J’étais  tellement petit, devant ma télé, en noir et blanc.

    <o:p> </o:p>

    Un baiser, mais  à  tout prendre qu'est-ce ?<o:p></o:p>

    Un serment fait d'un peu plus près, une promesse<o:p></o:p>

    Plus précise, un aveu qui  veut se confirmer,<o:p></o:p>

    Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;<o:p></o:p>

    C'est un secret qui prend la bouche pour  oreille,<o:p></o:p>

    Un instant d'infini qui fait un bruit d’abeille,<o:p></o:p>

    Une communion ayant un goût de  fleur,<o:p></o:p>

    Une façon d'un peu  se respirer le coeur,<o:p></o:p>

    Et d'un peu de se goûter, au bord de lèvres, l'âme! "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    J’avais quoi ? 12 ans, 13 ans ? 14 ans ?... Je ne me souviens plus.

    Je me souviens seulement que j’avais pleuré, à la fin.

    Comme elle, comme Roxane, sur son balcon, je me régalais des mots d’amour, servis en gerbe, par la voix grave et profonde, la diction parfaite de Daniel Sorano. Comment penser qu’il récitait des vers préexistants, tant ils paraissaient improvisés.

    « Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"…<o:p></o:p>

    Je n’avais pas compris alors. Mais je buvais la musique des vers et c’était suffisant.

    J’admirais et j’aimais la générosité profonde de cet homme, sa blessure, son grand nez, qu’il portait fièrement. J’étais content qu’il soit le plus fort et qu’ils les battent tous à l’épée.

    Je voulais que Roxane le voie, s’aperçoive de ce qu’elle ratait.

    Plus tard, beaucoup plus tard, j’ai doublement aimé.

    Comprendre que ce qui est beau peut être aussi porteur d’un message sublime amplifia sans nul doute un désir d’absolu.

    J’avais eu, au collège, en classe de 6ème, un professeur d’Histoire qui passait dans nos rangs, lentement, le sourire aux lèvres, l’œil ravi et la bouche gourmande, respirant le parfum d’une fleur qu’il tenait délicatement sous son nez, en murmurant des phrases inintelligibles, pendant que nous écrivions, concentrés, notre composition.

    Sur son passage, des coups de coudes s'échangeaient, on entendait des rires, étouffés...

    Il arpentait la classe en récitant des vers...

    Il vivait dans ses rêves. La musique des rimes, des alexandrins…ailleurs, plus loin, souriant toujours...

    Peut on vivre dans ses rêves ?

    Je ne sais pas. Peut être, oui...

    Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,<o:p></o:p>

    Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !<o:p></o:p>

    Les mots de Cyrano continuent de me suivre provoquant à chaque lecture, la même émotion qu’alors.

    Ils résistent aux intempéries, aux bourrasques du temps.

    Nous avons tous, en nous, un peu de Cyrano.

    <o:p> </o:p>

    « Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"…<o:p></o:p>

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    Il a choisi de tordre le cou à sa souffrance. D’appuyer sans cesse là où ça fait mal. De s’endurcir, sachant que malgré tous ses efforts, il n’y parviendrait pas. Ce n’était jamais suffisant. Plus haut ! Plus fort ! Plus mal ! Il appelait cela son « Panache ». Chaque fois qu’il sortait sa lame de son fourreau pour chatouiller un peu les fats et les marauds, perclus de vanité, il ravivait ses plaies à lui, les faisant saigner davantage, comme pour se moquer de son mal.


    Bien sûr, il aimait la plus belle, la plus inaccessible et la plus précieuse des femmes. Comme Alceste qui ne pouvait aimer que Célimène... Un défi de plus… Le plus grand, a ses yeux. L’impossible défi… Celui qu’il ne pouvait pas remporter mais qui  le pousserait encore un peu plus hors de ses limites d’homme. Des limites de ce visage disgracieux, de cette créature insignifiante qu’il pensait être et qui osait s’enticher d’une étoile. Roxane !... Une belle enveloppe, imparfaite, cela va sans dire, comme n’importe qui… Mais il l’avait rêvée, inventée de toutes pièces, déifiée…et ses rêves justifiaient sa vie, embellissaient les choses, son désir devenant chaque jour plus fort, plus beau, et… plus inaccessible… Il était né pour cela. Pour peindre les décors à sa guise, pour faire de sa vie, un hymne à la beauté et au désir…

     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_Mima/ Jumbo
    Samedi 30 Août 2008 à 22:17
    La beaute des reflexions sur la poesie de la vie! C'est super ca!
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    2
    visiteur_LIL0U
    Lundi 29 Septembre 2008 à 14:55
    Sur le thème des amours contrariés voir impossibles, Cyrano ça m'inspire cette phrase de Camille Laurens : "l'amour naît-il de ce qu'il y a là quelque chose d'impossible ? l'amour est-il ce qu'on n'embrasse jamais que du regard ?"

    Et j'ajouterai, ne serait-ce pas parfois le challenge qui est palpitant ?

    Et comme je suis d'un naturel optimiste, je conclurai avec cette autre phrase d' Andrée Maillet :" nous croyons tous à l'impossible, sans quoi nous n'arriverions jamais à l'accomplir."

    0h! Julien, tu vois je peux faire plus court ! Bisous Julien.
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