• Ça ne fait rien, ce n'est pas grave...

     

    Ça ne fait rien, ce n’est pas grave…

    Il marchait dans les bois, autour de sa maison, levant les yeux vers le faîte des arbres. Balancés par une douce brise, les feuilles murmuraient silencieusement leur musique de toujours.

    Comme d’habitude, il pensait à autre chose…

    La sagesse ? Non, il n’était pas devenu sage…Il doutait même, de plus en plus. De tout. Il se sentait toujours bien vivant, concerné, présent.

    Mais fini de vouloir brusquer les choses, fini l’impatience.

    A trop vouloir passer en force, il avait épuisé ses réserves, tout simplement.

    « Don Quichotte est mort jeune », pensait-il, car s’il avait vieilli, il aurait dû renoncer, lui aussi, un jour ou l’autre, à s’attaquer aux moulins à vent….

     

    Ce n’était pas du tout remarquable. Evolution normale du temps, des années qui passent…Sans doute disposait il de trop d’énergie en réserve qu’il fallait utiliser, quitte à la gaspiller, bêtement.

    Aurait il pu vivre autrement ? Agir autrement ? Non ! Il en était convaincu.

    Tiens, aujourd’hui par exemple...

    Pas de musique à l’horizon ! Tant pis !

    Ce n’était pas grave.

    La musique est caprice. Mais il la sentait bien là, tapie au fond de son esprit et c’était cela l’essentiel. Alors ? Incapable de la faire partager ? La belle affaire...

    Ça ne fait rien…ce n’est pas grave…

    Demain, peut être…

     

    On parle. On s’exprime. Souvent mal. On ne sait pas si l’on est entendu ou compris. On ne convainc personne…sauf les convaincus.

    « Chercher à avoir raison, c’est vouloir avoir raison de l’autre, c’est l’arraisonner. » avait dit le philosophe  et psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis…

    Parler pourtant, car on ne sait jamais…. Parler, c’est comme semer des graines…On ne sait rien du terrain sur lequel elles tombent. Il nous est inconnu…La plupart ne germeront  sans doute pas.

    Ça ne fait rien, ce n’est pas grave.

    Mais si, de quelques mots jetés au hasard, peut naître une fleur, alors, ça valait sans doute le coup…

    Je me vois, sous ces arbres, minuscule.

    Et pourtant, sous la mousse et les feuilles, rampent des insectes encore plus petits que moi, qui ont leur aussi leur vie à vivre.

    Ils gesticulent, se pressent, comme nous, vers une destination inconnue, obéissant à je ne sais quel instinct qui les guide.

    Ils ne sont pas plus importants que moi, je ne suis pas plus important qu’eux.

    Évidences que nous ne prenons pas le temps de bien digérer.

    Trop pressés, trop de choses à faire, toujours… !

    Les lieux communs, c’est comme les vieux. On ne prends plus le temps de les écouter.

    C’est ennuyeux. Vite ! Passons à autre chose…Courons !!!!!

    Mais quand je regarde, assis sur mon banc,  passer les gens dans la rue, ou quand j’allume la télévision, certains soirs, je me demande après quoi ils courent tous…

    Ils partent si loin parfois, que je doute qu’il leur soit possible, un jour, de revenir….

    Nous sommes dotés d’un cerveau qu’il est impératif de faire fonctionner sous peine d’atrophie.

    Comme il n’est pas exigeant en matière de combustible, on lui donne n’importe quoi, et il avale goulûment.

    Certains choisissent d’entretenir leur corps. D’autres, leurs méninges.

    On ne peut pas passer sa vie à fixer le vide…

    Alors, on s’occupe. On se donne des objectifs.

    On se prend au sérieux.

    Mais on ne fait que brasser de l’air…

    Ça ne fait rien, ce n’est pas grave…

    -------------@-------------

     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_petite louv
    Mercredi 21 Mai 2008 à 22:49
    Sûr qu'elle sera là demain cette musique qui t'enchante...
    Ces êtres que tu appelles les humains, courent, oui ils courent, rien que de les regarder parfois, le tournis me vient...lol, parce que moi non plus j'ai jamais compris après quoi, ils sont fatiguants mais...
    c'est leur manière de se trouver vivants je crois...à mon humble avis.

    je t'embrasse bien, mon tendre ami
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