• AVE AVA !!!!!!!

    AVE AVA !!!!!!!

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    Corps vénusien, présence incendiaire... Ava Gardner embrasa Hollywood et rendit fou Sinatra. Parmi ses plus grands rôles: Pandora, l'héroïne d'Albert Lewin.

    Il était une fois une Pandora déesse. Ava Gardner, «le plus bel animal du monde», pour lequel les hommes, du moins dans Pandora d'Albert Lewin, sont prêts à précipiter leur voiture de sport du haut d'une falaise, ou à défier un taureau. La future star naît Ava Lavinia (c'est encore plus beau) Gardner le 24 décembre 1922 en Caroline du Nord. Décor de champs de coton, de ségrégation, et une famille, disait-elle, de «petits Blancs pauvres». Benjamine d'une brassée de filles, elle est adulée par ses parents. Les témoins de l'époque l'attestent : dès l'adolescence, ses traits et son corps de Vénus foudroient tous ceux qui la croisent. C'est donc possible : Ava était encore plus belle dans la vie qu'à l'écran. Elle rejoint vite à New York sa soeur aînée, fiancée à un photographe. Qui fait, bien évidemment, son portrait où, loin de la pose pin-up, elle ne sourit pas et garde un regard rêveur. Il place ce cliché en majesté dans la devanture de sa boutique; un chercheur de talents pour les grands studios passe devant, et la MGM l'appelle pour un bout d'essai, qui s'avérera... muet. La jeune fille a un accent du Sud à couper au couteau, mais, comme elle le racontait dans des interviews avec une modestie rieuse, «le côté visuel s'est bien passé »! Elle contacte un coach en diction, et se corrigera aussi grâce à un perroquet! A l'époque, la Metro Goldwyn Mayer est le studio star, revendiquant que, chez lui, il y a «plus d'étoiles qu'au firmament» : Louis B. Mayer a compris que le public vient au cinéma pour voir, non pas des oeuvres, mais des visages et des corps. Sous couvert, attention, d'une bonne couche de morale, incarnée, entre autres, par Mickey Rooney dans la série Andy Hardy. Cette star juvénile au physique de Tintin, mais très avantagé ailleurs, veut Ava. Il l'aura. Elle devient d'abord célèbre grâce à ce mariage où, sur les photos, la jeune fille semble toute pure, et a deux têtes de plus que son époux. Mais, en 1946, avec Les Tueurs de Robert Siodmak, vient son premier rôle de garce. Elle y ondule, «capable de foutre le feu à la planète tout en restant adossée à un piano» : si vous voulez une définition lucide, mais teintée de dérision, de son pouvoir, demandez à l'intéressée. La MGM a compris quoi faire de cette bombe qu'elle a sous contrat depuis cinq ans déjà : Ava sera fatale àd-vitam aeternam. Ah oui, entre-temps, elle a divorcé de Mickey et épousé Artie Shaw, le grand clarinettiste, et pygma-lion obsessionnel. Ava lit "Autant en emporte le vent"  Quelle horreur ! Il la force à lire Dostoïevski. De quoi laisser la place à Frank Sinatra. Ici, ellipse obligatoire, car raconter les amours passionnelles, alcoolisées, et les éternels retours (et étreintes) après divorce, entre Frank et Ava, sans doute le couple le plus hot de Hollywood, nécessiterait un livre en soi. Gardons l'alcool: Ava boit depuis ses tout débuts, car, très inhibée au départ, elle a vite compris que, sur les tournages, deux petits verres aident à surmonter la pudeur, l'attente, et son encombrante beauté. Elle boit aussi à l'écran, comme dans Pandora. Pendant le tournage, elle découvre l'Espagne. Coup de foudre pour un mode de vie européen, loin de son statut de sexsymbol, et pour la corrida, dont la violence la fascine. Pandora d'Albert Lewin et La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz (deux grands cinéastes intellectuels et esthètes qui la mythifiè-rent) sont aujourd'hui des pierres angulaires du temple hollywoodien. Mais à l'époque, Ava ne se rend pas compte qu'elle tourne des chefs-d'oeuvre : en-core des films où elle se croit un simple objet de désir... En revanche, elle est ravie, en 1952, de tourner avec Gregory Peck dans Les Neiges du Kilimandjaro d'Henry King, adapté du livre d'Ernest Hemingway. Le romancier est nettement moins content. Il lui dira: «Dans ce film, il n'y a que deux bonnes choses: vous et... un chat mort.» Elle tient l'alcool aussi bien que lui (une prouesse), aime autant l'Espagne, et jure comme un charretier : ils deviennent très amis. Le temps de marquer l'histoire du cinéma, en 1964, dans le rôle de la flamboyante Maxine Faulk dans La Nuit de l'iguane de John Huston, adapté de Tennessee Williams, autre grand homme de lettres, qui sait, comme Ava, que la vie est un fleuve intranquille, et sa carrière décline. Elle s'en fiche, réfugiée dans son appartement de Londres, où elle mourra, en 1990, à 67 ans. S'il fallait retenir un personnage dans sa filmographie? Maria Var-gas, la sauvageonne devenue comtesse, domptée, un temps, par le système hollywoodien, mais délaissant, dès qu'elle le peut, ses escarpins sur la pelouse pour avancer pieds nus. Contraindre Ava? Vous plaisantez, j'espère !

    Guillemette Odicino (Télérama)

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    « Qui fait la gueule ne goûte rien....La routine... »

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