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QUE VA CHANGER LA CONDAMNATION DE BERLUSCONI À SEPT ANS DE PRISON ?
LA RÉPONSE DE PIPPO DELBONO, 54 ANS, METTEUR EN SCÈNE ET CINÉASTE.
Rien !
L'Italie a une grande capacité d'oubli, on fait semblant de croire que la condamnation de Berlusconi est significative, mais il a été déjà condamné (à plus de onze ans de prison les jugements sont en appel, NDLR), on l'a cru fini plusieurs fois mais il est toujours là.
Regardons notre histoire: Giulio Andreotti a été au pouvoir pendant des années malgré ses relations avec la Mafia et n'a jamais mis le pied en prison !
Nous sommes définitivement le pays du jeu, de la commedia dell'arte, nos figures politiques sont applaudies comme des acteurs: Mussolini, Berlusconi, et maintenant Beppe Grillo. La politique italienne a besoin de sortir de cette émotivité dangereuse et de suivre enfin des gens qui pensent et qui agissent.
Le plus grave, c'est que le berlusconisme a modifié la culture de notre pays, la télévision, les médias, le cinéma. Même la figure du latin lover, qui avait une forme de poésie, est devenue totalement vulgaire, et violente.
L'Italie est morte culturellement. On veut bien conserver le patrimoine — et on le fait de plus en plus mal —, mais on refuse de favoriser la création, l'invention, parce que cela fait peur. Je vois parfois le public choqué par l'originalité de mes spectacles et ça me désespère.
Je pense souvent à la célèbre phrase de Dante qui décrit, au XIIIe siècle déjà, une Italie malade:
« Ah ! Italie esclave, auberge de douleur, vaisseau sans capitaine dans la grande tempête, jadis reine du monde et maintenant bordel ! »
Propos recueillis par Juliette Bénabent - Télérama
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