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    baiser 2
     
     
     
     
    Oh ! Joli mois de mai...
     
     
     
     

    Réglant son pas sur le sien, Alice, un peu pompette, souriait aux anges au bras de Gilles, la tête posée à hauteur de son épaule.

     

    Elle se sentait merveilleusement bien.

     

    Après un repas succulent, arrosé d’un « Moulin à vent » fruité  et gouleyant à point qui vous montait gentiment à la tête, cette soirée de printemps qui ne faisait que commencer, s’annonçait délicieusement prometteuse.

     

    De temps en temps, Gilles  jetait sur sa compagne un petit coup d’œil malicieux, constatant au sourire épanoui de la jeune femme que tout se déroulait pour le mieux.

     

    Alice respirait profondément l’air du soir, jouissant de l’atmosphère douce et parfumée. Elle s’attachait à son Gilles de plus en plus qui ne cessait  de l’étonner par sa délicatesse, par toutes les attentions qu’il lui portait.

     

    Prévenant, cultivé, maniant l’humour avec finesse, il la faisait souvent rire et sourire et elle adorait ça !

     

    Au commencement de leur relation il l’avait séduite par ses enfantillages maîtrisés et, petit à petit, ils s’étaient découvert des idées, des pensées, et des rêves en commun.

     

    Gilles, observateur attentif, n’avait pas tardé à remarquer chez la jeune femme la dualité qui faisait tout son charme. À savoir un savant mélange de retenue et d’audace, de désir romantique et de passion torride, d’un grand besoin de caresses mais aussi d’explosions charnelles insoupçonnées.

     

    On ne savait à aucun moment ce qui, de la composante masculine ou féminine de la personnalité d’Alice, prendrait le dessus, mais il parut très vite évident à Gilles que ce mélange spontané et imprévisible de la personnalité de sa douce amie,  non seulement ne lui déplaisait pas, mais l’excitait au plus haut point, vraisemblablement à la source de son désir quasi permanent  pour elle.

     

    Alice aimait la vie et ses débordements. Gilles aimait la vie, et les débordements d’Alice...

     

    A pied, ils se rendaient maintenant dans un cabaret bien connu de Montréal, le Blue Light Burlesque, dont les soirées de « Mlle Oui Oui » la reine du striptease à l'ancienne faisait, parait-il, un tabac !

     

    Lorsqu’ils prirent place à leur table devant la scène, il ne put s’empêcher d’admirer une nouvelle fois les formes pleines de son amie.

     

    « Melle Oui Oui », (quel drôle de nom !) se montra à la hauteur de sa réputation.

     

    Sur la chanson « Jazz hot ! » du film  « Victor Victoria », susurré avec la délectation et l’innocence perverse d’une Julie Andrews en grande forme, l’effeuilleuse usa et abusa de toutes les techniques connues et appropriées pour faire monter dans la salle un parfum d’érotisme suave, destiné à mettre les dames et les messieurs en condition optimale pour terminer la soirée ailleurs, en beauté.

     

    Peu après le début du spectacle, la main d’Alice se posa en haut de la cuisse de Gilles. En principe, c’était souvent l’inverse, pensa-t-il en souriant, mais un tel geste de la part de son amie ne l’étonna pas outre mesure. Il savait sa maîtresse très sensible à l’éveil des sens et également suffisamment libre et complice avec lui pour se laisser aller a ce qui aurait pu passer, chez quelqu'un d’autre, pour de l’inconvenance.

     

    Il laissa donc la main d’Alice monter et descendre le long de son bas ventre,  ajoutant au plaisir du spectacle la sensation délicieuse de ce contact féminin. Après quelques minutes de ces caresses, de plus en plus excité, il saisit le poignet de la jeune femme et plaqua sa main sur son sexe durci.

     

    Alice ne sursauta pas, ne lui jeta même pas un coup d’œil surpris. Restant parfaitement concentré sur les déhanchements lascifs de Melle Oui Oui, ses doigts s’ouvrirent et se refermèrent plusieurs fois, comme pour  éprouver la nature et la consistance de ce qu’elle palpait. 

     

    Toujours sans que bouge un seul des traits de son visage, elle tira lentement la fermeture éclair et glissa sa main sous le tissu.

     

    Gilles avait du mal à empêcher sa respiration de s’affoler.

     

    Lorsque le diable  jaillit hors de sa boîte, entre les doigts agiles de sa compagne, Gilles ne put s’empêcher de cacher son visage dans son autre main afin de ne pas laisser voir trop ostensiblement son trouble…

     

    Heureusement, le spectacle s’achevait et les applaudissements ramenèrent la main d’Alice…à la surface.

     

    Frustré, Gilles remballa promptement ses outils et se joignit à l’ovation de la salle.

     

    « Melle Oui Oui », en tenue d’Eve, envoya des baisers sonores à la salle en délire qui sifflait sa satisfaction et regagna les coulisses en reculant lentement.

     

    - Coquine ! dit Gilles, alors qu’il raccompagnait Alice chez elle en voiture.

     

    - De quoi parles tu ? demanda la jeune femme affichant un air totalement innocent.

     

    - Ah  d’accord !.... De rien, effectivement !… répondit Gilles en riant. Il ne s’est rien passé pendant le spectacle. Mais tu ne perds rien pour attendre !

     

    Alice se colla contre lui sur le siège et, posant une main sur la nuque, l’attira à lui, l’embrassant tendrement.

     

    - Ça t’a plu ? demanda t-elle …

     

    - Quoi ? Le spectacle ?...?

     

    - Mais bien sûr le spectacle ! Quoi d’autre ?

     

    Ils éclatèrent de rire tous les deux et s’embrassèrent un peu imprudemment car le véhicule fit une soudaine embardée. Heureusement il était tard et la circulation se trouvait de ce fait fortement réduite dans les rues de la grande ville.

     

    Parvenu à la porte de l’appartement d’Alice, ils s’embrassèrent de nouveau longuement dans l’étroit passage de l’entrée de l’immeuble. Le corps chaud et parfumé de la jeune femme déclencha une onde de désir violent dans la colonne vertébrale de Gilles.

     

    La plaquant contre le mur, il commença à frotter lentement son bassin contre celui de la jeune femme. Ils s’amusèrent ainsi quelques minutes, se goûtant et s’appréciant l’un l’autre. Elle, frissonnante de désir, et lui s’excitant de la même façon en imaginant le corps souple de son amie.

     

    Les effluves de la soirée aidant, les mains se firent baladeuses. Celles de l’homme montant et descendant, de plus en plus impatientes, des épaules aux cuisses d’Alice, celles d’Alice s’agrippant aux fesses de l’homme, les malaxant tant et plus, doigts enfoncés dans les plis du pantalon, en demande d’un orgasme, pour l’instant simulé.

     

    La soirée était chaude, la nuit était à eux.

     

    Cachés dans l’ombre de l’entrée, les deux amants affamés l’un de l’autre, se retrouvèrent rapidement, lui pantalon baissé sur les chevilles et elle jupe remontée à la taille, écrasée contre la porte d’entrée.

     

    Gilles respirait de plus en plus fort, embrassant le visage aimé, se régalant des lèvres douces et parfumées, passant les doigts dans les cheveux d’Alice, insinuant sa langue dans le creux de son oreille.

     

    Alice gémissait, se trémoussait autour du pivot des doigts de l’homme, sentant monter en elle un plaisir qui n’allait pas tarder à l’emporter.

     

    La prenant sous les fesses, Gilles la souleva de terre et la pénétra violemment. Après plusieurs coups de boutoir bien sentis qui arrachèrent à Alice des petits cris de plaisir, ils connurent la jouissance.

     

    Debouts, en nage, étroitement serrés l’un contre l’autre, ils attendirent un long moment que leur respiration redevienne régulière, profitant encore, pendant ces derniers instants, du parfum âcre et sensuel, si caractéristique de la fin des ébats amoureux.

     

    Epuisés et tremblants, ils ne se résignaient pas à se désunir.

     

    Puis doucement, Gilles reposa Alice sur le sol, en étouffant un rire nerveux.

     

    - Alors ça t’a plu ? demanda-t-il

     

    - Quoi donc ?

     

    - Mais….. le spectacle…. bien sûr !

     

    Et ils éclatèrent, une nouvelle fois, de rire….

     

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