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    la dame aux coquelicots
     
     
     
     
    La dame aux coquelicots

     

     

    « Comme un p'tit coquelicot mon âme...comme un p'tit coquelicot. »

     

    En ouvrant la corolle, Nelly sépara délicatement les quatre pétales. Tapi au fond de la fleur, le pistil, comme un cœur protégé de la brûlure du soleil, palpitait doucement.... Ou bien était ce le sien ? Elle n'aurait su le dire, tant elle aimait à se fondre dans le mystère de cette fleur diaphane...

    Avril s'en allait doucement, cédant la place à Mai.

    Assise au milieu de cette mer de coquelicots doucement agités par le vent, Nelly laissa, comme à chaque fois qu'elle venait ici, son esprit vagabonder.

    Respirant profondément, elle attendit que les couleurs et les parfums l'enveloppent, chuchotant doucement à son oreille, le bonjour du printemps.

    ...................................

    L'ardeur fragile du coquelicot...

    Quel symbole étonnant et paradoxal !

    Pourquoi l'ardeur ? À cause de la couleur ? Du feu ? De la flamme ? C'est vrai que ce rouge vif....Le sang peut être... La mort... Mais aussi, la vie...

    Des milliers de coquelicots poussent sur les charniers, recouvrant les horreurs des guerres, des massacres...comme si la nature se devait d'effacer au plus vite les errements catastrophiques de la fureur imbécile des hommes...

    Le dormeur du Val..., tout seul lui, étendu dans le frais cresson bleu...Il avait bien deux trous rouges au coté droit ?....« Comme un p'tit coquelicot, mon âme... »

    Fragile. Oui,... aussi..., si fragile...Comme toutes les fleurs...  Plus encore, peut être...

    Nelly repensa, une fois encore, aux  paroles de sa mère....

    « Ma chérie, ne cueille jamais les coquelicots pour en faire un bouquet, car ils n'y survivraient pas. Ces fleurs se nourrissent de la terre et uniquement de la terre... Un vase serait leur  linceul. Le coquelicot est fragile. Il grandit libre, au milieu de ses semblables, dans son habitat naturel. Il donne à la nature une couleur sans pareille, unique et envoûtante... Couper, une fleur de coquelicot c'est comme tuer la liberté de s'épanouir,... c'est mal !  Quand on la sectionne d'ailleurs, la tige pleure ou saigne, on ne sait pas vraiment. Mais le liquide blanc qui s'échappe de la blessure de la tige ressemble à du lait. Il me fait penser à une prière..., une larme..., un regret... »

    Ces paroles, Nelly, qui adorait sa mère, les connaissait par cœur.  Elle aimait à se les répéter. Pour elle seule, symbolisant le respect que l'on doit aux merveilles qui nous entourent et dont nous profitons.

    En repensant à sa mère, si douce, si joyeuse, qui aimait à s'entourer de fleurs, elle revivait, assise dans l'herbe tendre, les promenades de son enfance quand sa maman, la tenant par la main, lui ouvrait les portes du véritable amour.

    C'est ainsi que le coquelicot, la fleur préférée de sa mère, était  devenu, tout naturellement, la fleur préférée de Nelly.

    En contemplant les pétales, un peu froissés, de la fleur rouge sang, la dame au coquelicots murmura quelques notes d'une chanson, rien que pour elle... et ses souvenirs...., 

     

    « Comme un p'tit coquelicot mon âme...comme un p'tit coquelicot. »

     

     

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